Orchid
7.3
Orchid

Album de Opeth (1995)

Opeth, épisode 1 : le bourgeon éclot.

1995, quelque part en Suède. Une bande de chevelus, fan de death et de black metal - c'était la mode en ce temps là dans ces contrées scandinaves - et de rock progressif un peu obscur commence à faire parler d'elle. Quelques concerts, des démos, des cassettes tournent. Le son est cracra, glauque à mort, furieusement marqué par les influences les plus torturées du groupe... et entrecoupé d'éclaircies folks étonnantes.

5 ans depuis que le groupe s'est formé autour de son noyau, et déjà les musiciens défilent. Âkerfeldt se retrouve au chant, et le line-up n'est pour le moment que suédois. Les choses sérieuses commencent avec la stabilisation du groupe qui enregistre alors un premier album, Orchid. La pochette est sobre, tout en étant relativement inattendue venant d'un groupe aussi sombre. Deux fleurs d'orchidée d'un rose flamboyant, sur fond noir. Pas d'inscription. Mystère.

Et puis il y a la musique. Surprenante, déroutante, pratiquement sortie de nulle part, jamais entendus auparavant. 7 morceaux, dont deux brefs instrumentaux (le somptueux morceau de piano, le très romantique et gothique "Silhouette" vaut le détour). Tout le reste fait peu ou prou 10 minutes et plus, avec une durée proche du quart d'heure pour le morceau inaugural "In Mist She Was Standing".

Les titres sont donc aussi complexes que leurs intitulés, résolument littéraires. Une structure domine, aussi alambiquée soit-elle : une longue intro instrumentale qui pose le thème "violent", un bref break folk annonçant le thème "calme", le premier couplet violent, retour du break calme, etc. Bien sûr des variations sont opérées sur ce modèle histoire de ne pas servir 5 fois la même chose, mais à l'écoute c'est tout de même assez frappant.

La production est glaciale, les riffs sont tranchants et respirent bon le black de l'époque. Mais le traitement infligé aux parties acoustiques, rendues avec beaucoup de dureté et de réalisme, produit un contraste sonore assez magique. La voix claire est encore très rare, Âkerfeldt se cantonnant surtout à des hurlements et des vociférations articulées du plus bel effet. Le talent des musiciens est bel et bien là, que ce soit dans la complexité mélodique (deux guitares contrastantes - même si sera bien plus développé sur Morningrise; une basse tonitruante) quand dans les soli de guitares, envolées lyriques et heavy.

Le meilleur titre reste pour moi le merveilleux "Under the Weeping Moon", souvent joué en concert, et son crescendo absolument formidable. Mais les autres titres recèlent tous leurs merveilles, au sein de compositions souvent labyrinthiques pour qui n'est pas habitué.

Grand disque de prog au sens fort du terme, en ce qu'il fait avancer la modernité de la musique qu'il investit et propose des hybridations jusqu'alors inédites, "Orchid" est un premier album puissant et de caractère, mais qui oeuvre dans un registre que le groupe délaissera lentement mais sûrement, au profit d'un peu plus de coloration, de lumière, de chaleur.

Créée

le 4 oct. 2013

Critique lue 698 fois

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Krokodebil

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