Patriot Games (OST) par evolution999

Peu de temps après l'annonce de Intrada Records de sortir une édition "extended" de Clear and Present Danger, film ayant pour personnage principal Jack Ryan et interprété par Harrison Ford, La-La Land fit de même avec Patriot Games, seconde adaptation d'un des nombreux romans de la saga Jack Ryan, écrite par Tom Clancy. Espérons que les éditions "extended" des deux autres adaptations composées par Basil Poledouris et Jerry Goldsmith sortent un jour. Il est juste de dire que la partition de Patriot Games est la moins appréciée des fans de musque de films, mais je trouve que c'est plutôt injuste au vu de la qualité de cette partition.

Il ne s'agit pas là d'un album facile pour l'auditeur. Parfois même, certains passages sont plutôt difficiles d'accès. Cependant, la partition est vraiment bien écrite et colle parfaitement au contexte du film ce qui est avant tout ce que l'on demande d'une partition d'un film. C'est probablement l'une des musiques d'action les plus introverties de Horner. Il ne s'agit pas d'un chef d'œuvre inoubliable, mais il s'agit d'un score bien meilleur que la réputation qui lui colle à la peau. La nouvelle édition de La-La Land permet de donner une seconde chance à cette partition.

Dans les années 90, James Horner avait coutume de composer toutes ses partitions à la sauce irlandaise (ou écossaise c'était selon). L'opportunité de composer pour un film traitant de l'IRA et se déroulant en bonne partie en Irlande a dû être un vrai bonheur pour lui, ayant là une bonne raison de le faire.

Il y a une beauté épurée dans les vocaux de Maggie Boyle qui apparait dans le titre d'ouverture, mais également dans celui de fin. La mélodie est en fait une ancienne chanson gaélique.

Une autre récurrence des partitions de Horner des années 90, c'est l'utilisation d'une flute shakuhachi (instrument japonais n'ayant rien à voir avec l'Irlande), que l'on retrouve ici tout au long de la partition. C'est également le cas d'une flute qui sur certains morceau est jouée en solo.

"The Hit", morceau de plus de 8 minutes est véritablement un titre brillant. La noirceur des textures électroniques, l'utilisation du shakuhachi et des percussions contrastant parfaitement avec les solos occasionnels de la flute. Une cacophonie orchestrale dissonante faisant des apparition de façon subtile. Il s'agit d'une musique vraiment sombre et difficile d'accès, mais il n'est en revanche pas du tout difficile d'admirer le travail effectué sur l'assemblage des différentes textures sur ce titre. La technique est admirable. On retrouve un traitement similaire à certains morceaux de la partition de Braveheart que James Horner composera 3 ans plus tard.

Le même style est utilisé dans un titre ultérieur "Assault on Ryan’s House", une autre démonstration du savoir-faire du compositeur. La façon qu'il a de construire puis de faire exploser la tension montre à quel point ce compositeur était efficace. Le morceau d'action le plus traditionnel dans son approche et "Boat Chase", avec tout l'orchestre executant la petie la plus difficile de la partition.

La dernière "redîte" de Horner sur ce score est l'utilisation de l'adagio du ballet Gayenne de Aram Khachaturian, qu'il a utilisé pour la première fois dans Aliens (et qu'il utilisera également dans Clear and Present Danger). Je ne m'étendrai pas ici dans une analyse approfondie de la kleptomanie de Horner des œuvres classiques car c'est un fait. Cependant, son utilisation ici est vraiment très efficace. On l'entend une première fois dans le titre "CNN News Report" (un titre inédit qui apparait dans l'édition La-La Land), mais c'est surtout dans "Electronic Battlefield" qu'il apparait de façon vraiment magistrale, Horner réussissant le faire sien dans son propre style. C'est dans l'édition "extended" que l'on trouve les deux versions du morceau (avec ou sans l'apport des synthés).

Les autres moments forts incluent le morceau à suspense "Arrest of the Bombers", le très bon "Highland’s Execution" qui offre un réel contraste de couleurs, et le très mélodique et émouvant (bien que trop court) "Hospital Vigil".

Comme je l'ai déjà signalé, Patriot Games nécessite que l'on se donne de la peine. L'utilisation des sons notamment dans les titres d'action sont conceptuellement brillant, et fonctionnent parfaitement dans le film, mais sur album c'est beaucoup plus difficile. On est vraiment dans le registre "facile à admirer, difficile à 'aimer".
Mais je pense vraiment que l'on peut prendre un réel plaisir à écouter cette partition. Je suis d'ailleurs surpris de voir les réactions négatives à son endroit. L'album de La-La Land ajoute environ 25 minutes de musique additionnelle, ce qui donne vraiment de la consistance à l'ensemble. L'un des points majeurs de cette édition est au delà de la musique, les notes de Jim Lochner que l'on retrouve dans le leaflet. Elles sont très bien documentées.
Oui c'est une musique exigeante, mais elle en vaut vraiment le coup.