Phoenix Album
6.9
Phoenix Album

Album de The Warlocks (2002)

Cet album est incontestablement un classique rock des années 2000, à égalité avec les disques des Strokes, Brian Jonestown Massacre, Kills, White Stripes, Black Rebel Motorcycle Club, et consorts.


Après l'avoir écouté plusieurs fois il y a fort longtemps, une envie irrésistible de réécouter ce disque à la pochette immédiatement identifiable et à l'atmosphère terriblement toxicomane (« Hurricane Heart Attack ») me tarauda pas plus tard que ce matin, au moment improbable de donner le biberon à ma fille. D'emblée, le constat est évident : il y a quelques trucs qui ne fonctionnent plus beaucoup aujourd'hui : les longues plages psychédéliques, d'un rock brut, saturé et mélancolique rappelant tout de même certaines des plus belles heures du Velvet Underground, ou à tout le moins l'une de ses facettes les plus sombres (White Light/White Heat), à l'image du morceau plutôt déroutant mais paradoxalement intriguant et envoûtant qu'est « Oh Shadie », dont la longueur peut laisser présager le pire, ne sont plus de cette époque révolue. Mais les Warlocks savent faire de la musique, et jouent leurs morceaux comme s'ils s'amusaient, ou jouaient au foot. Et ce plaisir se ressent.


Le disque commence par deux morceaux tout simplement splendides, « Shake The Dope Out » et « Hurricane Heart Attack » (le tube de l'album et l'un des morceaux les plus connus du groupe). Le premier, terriblement rock'n roll, efficace, renvoie forcément, par son riff accrocheur, à un autre grand groupe du moment, The Dandy Warhols ; le deuxième, par son atmosphère embrumée, opaque, par ses guitares denses et cette voix sexuée et langoureuse, chargée en substances, est tout bonnement incroyable. Sa construction est parfaite. Le morceau commence tout doucement, par un dialogue de guitares, fait de notes tranquilles et douces, annonçant une montée en puissance évidente. Deux perles qui ouvrent le disque de la plus belle des manières.


Hélas, le disque ne tient pas ses promesses, la plupart des autres morceaux souffrant la comparaison avec ces deux grand frères d'un autre niveau, témoignage d'un groupe capable de composer des titres implacables, solides et puant d'un rock pur, mais ne pouvant malheureusement appliquer leur fumeuse recette à tous les titres d'un album qui finalement se serait bien mieux épanoui sur un format plus réduit (E-P), pour ce rapprocher de ce chef-d'oeuvre tant escompté. Combien de fois cette problématique s'est-elle vérifiée pour des groupes de rock ?


Il y a bien cet autre morceau : « Cosmic Letdown », génial titre messianique, dont le clavier peut rappeler le « The End » les Doors. Le riff qui ouvre le morceau est tout simplement inoubliable, la lenteur du tempo sert ces notes dont on savoure tous les contours et les subtilités. Le morceau évolue vers un rythme plus enlevé, avant de revenir sur cet incroyable riff, véritable hymne à la musique rock, digne de l'intensité des mélodies de Mazzy Star, tout ça pour finir sur un son de clavier monocorde, comme pour dire que le pianiste c'est endormi sur ses touches d'ivoire. Assurément l'une des pièces maîtresses du disque.


Mais il est difficile de présenter une suite de morceaux de l'acabit de ces titres forts en gueule : les autres morceaux paraissent plus ternes, dispensables. Considérations emplies d'une certaine déception (la production ne sert pas assez les morceaux, qui auraient mérité un traitement plus soutenant), mais qui ne doivent pas faire oublier que cet album reste d'une grande homogénéité, emblématique d'un rock des années 2000 qui a un peu vieilli mais ...qui se défend plutôt bien.


(Ma note n'est pas un vrai 6/10, mais plutôt un 6,5/10, ce qui serait plus juste).

Créée

le 7 juil. 2015

Critique lue 166 fois

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Errol 'Gardner

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