Je connaissais Gaël Faye de par son (excellent) groupe Milk Coffee & Sugar, que j'avais écouté en long et en large il y a quelques temps et puis que mon cerveau amnésique avait un peu refourgué aux oubliettes. Jusqu'à ce qu'un beau jour, un alsacien me refourgue une place de concert gratuit organisé par le CROUS de la belle ville glaciale qu'est Grenoble.
Bon, un concert organisé par le crous, ça vendait pas du rêve. Sur le ticket, y avait marqué "Gaël Faye". On m'avait vaguement fait comprendre qu'il s'agissait d'un chanteur des Milk Coffee & Sugar, ce qui promettait ma foi d'être plutôt intéressant. J'allais au concert sans l'excitation caractéristique ressentie habituellement, mais convaincu de voir de la qualité tout de même.
Et j'ai pas été déçu. Loin de là: les artistes m'en ont tout simplement mis plein les yeux.

Gaël Faye et les Milk Coffee & Sugar (puisqu'ils l'accompagnaient pour le concert) nous ont délivré une performance incroyable tout en restant très proche du public. C'est ce qui me touche chaque fois que j'écoute ces musiques: leur authenticité, et cette volonté d'entretenir un dialogue avec le public, les auditeurs. Ce ne sont pas juste des paroles balancées sur un rythme qui fait mouche; on se sent réellement interpellé. Faye chante chacun de ses textes en prenant le temps au préalable, ou à posteriori, de nous expliquer la raison de cette chanson, sa signification.
C'est qu'il s'agit là d'un album intime, retraçant la vie de notre rappeur/slammeur, l'ambiguité du métissage, la question de l'identité, le rapport à l'autre blanc et l'autre noir, mais aussi l'apparition de la musique dans sa vie (pianiste sur un clavier QWERTY est vraiment mangifique). Tout cela sent le vécu à plein nez et le groupe parvient à nous retranscrire les émotions à merveille.
Un mot tout de même sur le musicien le plus impressionnant de la bande, Sacha, véritable orchestre humain, jonglant entre flûte traversière, guitare, percussions, instruments africains dont je ne connais pas le nom mais qui ont une sonorité vachement sympa, et chant, et bordel, quelle voix! De l'aigu au grave sans fausse note, en anglais, français, dialecte africain (dont j'ai encore oublié le nom), c'est réellement impressionnant. Ce type peut te chanter de l'opéra et passer sur du death métal dans la même seconde, j'en suis sûr.

Bref, cette critique ne ressemble à rien mais c'est les émotions du concert qui s'emmêlent dans ma tête.
L'album en lui-même est très bon et à découvrir, il s'agit là à mon sens d'un véritable poète moderne qui pose ses mots sur une musique qui emporte très loin du quotidien, pour mieux nous le rebalancer en pleine face.
Et si vous avez l'occasion de les voir en concert, jetez vous dessus; c'est une super expérience humaine.

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le 4 nov. 2013

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