Après une trilogie à succès, la plus célèbre saga de Pirates au monde enchaîne les films pour un quatrième opus sur le thème de La Fontaine De Jouvence. Si le réalisateur a changé, c’est bel et bien Hans Zimmer qui reprend du service (de toute façon, qui d’autre, sérieux ^^ ?), et même si on ne fait pas mieux que les 3 autres, c’est loin d’être décevant pour autant.
Au niveau de l’orchestration, ben, c’est du Pirates Des Caraïbes, on retrouve avec plaisir toutes ses caractéristiques, on reste en Ré m, en même temps, y’a pas de raison que ça ait changé (que ce soit les percussions, le violon soliste pour Sparrow, les voix évoquant l’équipage, …). Mais cette fois, grande nouveauté : Hans Zimmer a fait appel à deux grands guitaristes, Rodriguo et Gabriela, pour mieux coller à l’ambiance « espagnole » qui règne durant la quête de la Fontaine. Déjà pour le thème d’Angelica, mais aussi pour tous ce qui touche aux colons espagnols (les guitares accompagnent les pitreries de Sparow quand il se libère du camp des conquistadors). Par exemple, "Palm Tree Escape" représente le meilleur alliage possible entre l’orchestre de Zimmer et les guitares de Rodriguo y Gabriela. Soit un vrai coup de neuf. Tout au long du film, leurs utilisations sont pertinentes et ponctuelles.
Ponctuelles.
Ca veut dire « pas beaucoup ».
Mais si ça veut dire pas beaucoup, pourquoi 5 pistes sur 11 ne comportent que de la guitare ? Oui, elles sont excellentes, et ça reste de très belles créations, mais "The Pirate That Should Not Be" et "Angry And Dead Again" sont des morceaux qui ne sont même pas dans le film (générique compris), et en plus, leur présence dans la Bo est disproportionnée par rapport à leur présence dans le film ! Peut-être ils y étaient destinés à la base, j’en sais rien, où alors c’est purement un travail dérivé du film. Mais bon, le problème, c’est pas tellement leur existence, mais c’est qu’on profite de leur grand nombre pour nous donner moins d'Hans Zimmer : enlevons "Guilty of Being Innocent of Being Jack Sparrow", qui franchement ne présente rien de neuf malgré sa bonne introduction à l’ensemble (tant dans le film que dans la Bo), et on se retrouve avec seulement 6 pistes (en comptant "Palm Tree Escape", quand même) soit 24 min ! Non pas qu’il n’y ait pas eu de création de sa part, parce que quand on regarde les 106 pistes de la version étendue, il y a vraiment matière à donner plus de Zimmer !
Abordons maintenant les nouveaux grands thèmes : déjà celui de Barbe Noire. Quasi-intégralement chromatique, il présente 3 magnifiques motifs facilement reconnaissables : le premier est la fameuse descente chromatique, le deuxième est un motif divisible en quatre parties et le troisième, c’est 7 notes identiques balancées les unes après les autres, qui donnent vraiment du lourd quand les voix se chargent de nous les envoyer à la gueule, ce qui fait de "Blackbeard" une tuerie. L’utilisation de cloches fatalistes, de voix saccadées et des cuivres très graves jouant des mélodies très chromatiques (donc bizarre à l’oreille) colle parfaitement au charisme du capitaine tyrannique. Les trois motifs sont développés dès sa première entrée et durant toute sa tirade, pour exploser durant « l’énervement » du bateau. De plus, les notes chromatiques qui accompagnent le capitaine durant leur quête donnent une ambiance toujours plus flippante à la scène. Le deuxième nouveau thème majeur est opposé au premier en un sens, étant le thème des Sirènes. Ses voix sont beaucoup plus douces, et tirent vers le merveilleux, étant censé représenter toute la beauté des somptueuses créatures. Toutefois, le motif peut se montrer beaucoup plus sombre avec ses répétitions et ses intervalles peu fréquents : en effet, s’il s’en dégageait de l’exotisme et de l’émerveillement face au surnaturel avec des voix féminines et du xylophone, le tout interprété avec des cordes et des cuivres graves et menaçants donnera plus l’idée de peur face à l’inconnu et de danger imminent. C’est pourquoi Zimmer joue parfaitement avec ça dans "Mermaids" au cours de l’évolution de la rencontre entre marins et sirènes (en pervertissant les voix féminines notamment), puis plus largement tout au long du film jusqu’à la Fontaine De Jouvence. C’est pourquoi ce thème parvient à être très versatile, puisqu’il réussit à être exploité tant dans le domaine de l’ambiance que dans le domaine de l’action (l’entrée de la Fontaine, ou l’attaque des sirènes, deux contextes différents ne faisant intervenir que le thème des Sirènes).
Les points de synchro sont justes somptueux, les thèmes sont bien développés dans le film (là encore, il faut impérativement avoir la version complète de 106 pistes pour bien s’en rendre compte (cherchez bien dans la chaîne YouTube de MoviesSound, vous trouverez tout PdC)). On retrouve donc ce qui faisait la marque des 3 autres PdC, un véritable couplage entre action et musique (on se souvient de l’arrivée épique de Sparow dans PdC 1), en dépit d’un faux-raccord monstrueux qui m’a un peu fait hurler : à 17 min dans le film, on entend un leitmotiv du thème de … Davy Jones –‘ ouais, en fait, ça vient du fait qu’ils réutilisent souvent du matériel d’action issus des précédentes Bo pour meubler certaines séquences qui n’apportent rien à l’intrigue de plus que les autres épisodes (elle pourrait être dans le 1, cette poursuite) Ce passage n’est bien sûr pas dans la Bo Standard ^^
Ainsi, malgré de nombreuses redondances avec ses précédentes créations, Hans Zimmer a toutefois crée de somptueux thèmes (Barbe Noire, Sirènes, …) magnifiquement développés tout au long du film, avec un effort d’innovation au moins à ce niveau. Mais l’ensemble des 11 morceaux reste un peu inéga …
Ah, on me souffle qu’il y en a 18, de pistes.
Mais non, c’est faux, 11. Donc, je disais que le tout en général était un peu faible par rapport aux autres Pira …
…
Quoi, les remixs ?
…
(et merde)
...
Nan, ça existe encore, ça ? Je croyais que ma troupe d’élite s’était chargé d’exterminer tous les criminels après le complot mené contre PdC 1 dans leur tentative de violer l’œuvre de Zimmer/Badelt, mais bon, parlons-en (brièvement, parce que je fais une analyse de la musique seulement). Je ne considère même pas ces bouses en fin de CD comme faisant partie de la Bo, puisqu’elles ne sont en aucun cas dignes d’y être : en quoi est-ce une création artistique de prendre plaisir à aliéner et dénaturer la somptueuse musique d’Hans Zimmer pour pervertir toutes ses sonorités à l’état de nuisance sonore ? Remixer, ça veut dire changer de registre en préservant la qualité. Si on la perd nécessairement en travaillant le matériau de base, où est le putain d’intérêt ?! Les seuls passages audibles sont ceux qui n’ont pas été retouchés, comme dans "Blackbeard (Remix)", ce qui montre la pertinence de la démarche ! C’est long, chiant, rebarbatif, sans intérêt, et mériterait d’écoper d’une note négative, en faisant souffrir ses auditeurs (ayant du goût pour la belle Bo, je précise) plutôt que de leur procurer du plaisir ; ce qui, il me semble est le but recherché par un musicien. Et il me semble que lorsqu’on a pour règle d’or « remixer = violer », on n’en est pas un.
En fait, les remixs, c’est comme les Orcs : avant, c’était de somptueux elfes, nobles et talentueux, qui, à force d’avoir été torturés, sont devenus des êtres répugnants et détestables qui se sentent obligés d'hurler pour communiquer (tiens, le bruit, un point commun !).
Bref, sur les 18 pistes (mais les 11 morceaux, faut pas déconner), le quota de Hans Zimmer est réduit au strict minimum, mais, au moins, ce minimum là parvient à rester du même (très) bon niveau que les autres PdC. Mais l’ensemble en pâti forcément …
