Mettez vous à la place d'Antoine Wielmans et de sa bande : entre potes, vous faites des petites chansons sans prétention à la guitare. Vous parvenez à trouver un label. Et il se trouve que vous devenez la révélation de l'année, vous faites des tournées en Belgique, en France, et même au delà (ils iront jusqu'au États-Unis)... Il est clair que les Girls in Hawaii n'avaient pas anticipé un tel succès. D'autant plus qu'ils savent maintenant que le prochain album sera particulièrement scruté.


Alors, les Girls vont tenter de faire l'opposé de ce qu'ils avaient fait avec From Here to There. Fini les mélodies naïves (comme leur label), ils vont faire maintenant un VRAI album ! Et pour cela, ils vont quelque peu forcer la chose. Déjà, ils vont engager Jean Lamoot, producteur au CV déjà bien chargé (il a entre autre collaboré avec Alain Bashung et Noir Désir). Puis, ils partent s'enfermer dans de vieilles bicoques au fin fond des Ardennes belges. En 2008 sortira donc Plan Your Escape. Mais le groupe est beaucoup trop soucieux de l'image de ce dernier, ils veulent un album parfait, si bien qu'ils vont supprimer Grasshopper et Coral après quelques critiques négatives (et c'est bien dommage car Grasshopper est super cool, et Coral... ben Coral sans contexte ça n'a pas beaucoup de sens)


Dans l'ensemble, Plan Your Escape ressemble peu à son prédécesseur. Certes on a toujours ce folk/rock alternatif, mais tout semble plus dynamique : Shades of Time est bien plus dynamique que Bees & Butterflies, Road to Luna est bien plus dynamique que Flavor... Mais les Girls in Hawaii chercheront surtout à rendre bien plus éclectique leurs chansons. Car si il y a bien des instruments qui dominent Plan Your Escape, ce sont ces petites percussions (xylo et compagnie) qui apporte une touche de légereté, ainsi qu'un renouveau.


Cependant, le gros problème de ce 2e album, c'est la volonté un peu trop poussée du groupe de vouloir faire un trop bel album. Ce dernier est composé de chansons d'intro, de transition... et souvent ça vaut pas le coup, que ce soit 05.20.22 la piste d'intro pas très intéressante, ou bien les 45 SECONDES DE PLUIE ET DE CLOCHETTES entre Shades of Time et Fields of Gold qui semblent durer une éternité. Et puis, certaines chansons se veulent trop complexes, voire trop élitiste. Comme Bored, dont la partie du milieu ne sert pas à grand chose, ou pire Colors bien longue pour ce que ça raconte (sérieux ? 5min20 ??? elle mérite de ne durer que 2 minutes à tout casser). De plus, à force de jongler avec de plus en plus d'éclectisme, il se trouve que les chansons se poursuivent très mal. C'est le cas avec Birthday Call, Road to Luna et Summer Storm, trois chansons que j'adore, mais dont la transition ne leur rende pas hommage.


Avec tout ce que je viens de dire on ne s'étonnera pas que les chansons les populaires de cet album soient également les plus simples (Shades of Time, Summer Storm), ainsi que les sympathiques This Farm Will End Up in Fire et Birthday Call et le délicieux crescendo mélancolique qu'est Fields of Gold. Et n'oublions pas Plan Your Escape, petite conclusion qui casse pas des briques, mais qui au moins fonctionne...


Plan your Escape devrait un cas d'école de l'album qui se veut trop parfait. À force de vouloir se complexifier, de se conceptualiser, il finit par s'emmêler les pinceaux tout seul.

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le 12 févr. 2020

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