Andrew Hill - Point of Departure (1964)


Nous avons déjà rencontré la musique d’Andrew Hill lorsqu’il tenait le piano sur l’album de Bobby Hutcherson, en apportant dans ses valises la magnifique composition « catta », mais son aventure avec le label débuta bien plus tôt.


Alors qu’il participait en novembre 1963 à la session d’enregistrement de l’album « Our Thing », en qualité de sideman invité par Joe Henderson, Andrew Hill attira l’attention d’Alfred Lion, patron de Blue Note, qui lui fit signer un contrat aussitôt, voyant dans son jeu les qualités rassemblées de Thelonious Monk et d’Herbie Nichols.


Bien que « Point of Departure », troisième album qu’il enregistre pour la note bleue, soit sorti en 65, il a été enregistré en mars 1964, précédent d’un an sa collaboration avec le vibraphoniste. Cet album brille par la participation de l’immense Eric Dolphy à l’alto, à la flûte ainsi qu’à la basse clarinette, de Kenny Dorham à la trompette, de Joe Henderson au saxophone ténor, de Richard Davis à la basse et d’Anthony Williams à la batterie, rien qu’en lisant la succession de ces noms, ça donne le tournis et l’attente est grande !


Andrew Hill a composé les cinq thèmes de cet album, enregistré quelques semaines après le fameux « Out to Lunch » de celui que l’on surnomme « Le passeur ». Dolphy brille ici, aussi, chacun de ses solos appartient au temps qui se suspend. La composition d’Andrew Hill, « New Monastery », peut se lire comme une dédicace au « moine » Thélonious, le titre valorise les procédés que celui-ci utilisait dans sa façon d’écrire. Cependant l’album est tout entier tourné vers l’avenir, le renouveau et la modernité tels que l’on peut l’entendre sur « Refuge » ou « Spectrum ».


Mais, le plus touchant, ce sont ces mots d’Andrew Hill écrits au dos de la pochette : « Jusqu’à ce que nous arrivions à « Dedication », la séance avait été extrêmement joyeuse. Mais c’est alors qu’une sorte de mélancolie s’est abattue sur nous. A un moment, après avoir joué sa partie à la Wah-Wah, Kenny a dit que ça lui faisait monter les larmes aux yeux. »


C’est cette dernière pièce de l’album, qui nous abandonne, avec ce pincement au cœur…

xeres
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le 9 févr. 2023

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