Rose de bisous, de calins et de foutoir

Comme le disait si bien un de mes magazines musicaux préférés :"chez Ariel Pink, la seule constante, c'est la conscience de son talent", constat que j'acquiesce sans hésitation. Pink nous aura tout fait, du lo fi faisant croire à un enregistrement résultant de la connexion de trois patates à un ampli jusqu'à un son mille fois plus travaillé et subtil sur ce cadeau du ciel que constitue pom pom. Les références sont toujours faciles pour qualifier ce gentil dératé, de Devo à Captain Beefheart en passant pourquoi pas par Zappa, Pom Pom se veut etre dans la lignée du Panthéon de la parodie musicale, alliant betise crasse et réussite mélodique.

Ariel Pink, monsieur loyal du cirque musical du Haunted Graffiti, signe ici son disque le plus personnel tout en étant cependant le moins solo d'entre tous, tout l'ouvrage technique de cet enregistrement y étant réalisé avec finesse. Pour rester dans le meme champ lexical des jeux de foire, Ariel réalise ici son Sgt Pepper (ou un We're Only In It For Money, à vous de voir) c'est à dire la mise en piste de son idéal musical situé aux carrefours de l'expérimentation loufoque et son varié des années 80. On s'imagine assez facilement partir en virée avec ce Kurt Cobain rose bonbon pour repeindre les rues de LA en fushia glitter...et s'évader en soirée dans un délire lubrique au "Nude Beach A Gogo". Jouissant (volontairement) de la meme crédibilité érotique qu'un paysan du cantal, Pink se fait le chantre d'une sexualité fantasmée de tendresse folle et de romances actuelles tendant vers les gouffres du ridicule. C'est un chef d'oeuvre de délicatesse mielleuse plein de bons sentiments saturé aux sons chatoyants des guitares.

Ariel Pink n'a pas la grace (un peu péteuse) de Joni Mitchell pour décrire les choses de l'amour et du désir mais il y met les formes, tous les styles musicals y passent, pop classieuse (merci Gainsbourg), punk déjanté au rock FM fumeux de salle de bain

Ne change rien, on t'aime.