L’équation racine carré d’un tube ne fait pas un album.
Il est donc enfin venu le temps d'écouter l’album « racine carré »... c’était ma première fois, et le dépucelage auditif que je viens de vivre s’apparente presque à un viol pour mes oreilles qui étaient malgré tout consentantes et qui saignent encore au moment où je vous écris mes impressions à travers cette critique méchante, j'en consens, mais néanmoins honnête.
A la fois incontournables, formidables, et exécrables, « formidables » et « tous les mêmes », même avec pareille grandiloquence dans les titres, me laissaient présager un grand album de chanson française. Pardon belge. Que nenni. Du chienlit. Il y a quelques chansons qui valent le détour, franchement bien écrites, mais il n’y a plus de surprise pour moi parce que j’ai malheureusement découvert que je les connaissais toutes depuis longtemps et que les autres compositions de l’album ne s’élevaient pas à leur niveau.
C'est certain, l’explosion cuivrée du refrain de « tous les mêmes » invite à la danse, à l’ivresse et à la fête. Le consensuel « Formidable » est sacrément entêtant, et rien que pour cet air à la Nougaro (ou Brel), je voudrai bien être présent au festival des Vieilles Charrues l’été prochain pour voir la foule reprendre en chœur le dit refrain fédérateur.
Mais sinon ?!
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Au diable ce succès connu de tous, l'inébranlable (j'insiste) "formidable" ne doit pas faire oublier qu’un tube ne fait pas un album.
Non mais sérieusement… vous avez bien écouté « Humain à l’eau » ? Ce titre house – techno – rap – chanson pour boîte de nuit de bouseux est indigeste. Les arrangements modernes sont mauvais, bricolés, terriblement amateurs et minimalistes ; l’expérience et l’apport de quelques musiciens de renom auraient pu apporter beaucoup. Des musiciens d’obédience rock, blues, pop, de la trempe de ceux qui jouent pour Higelin père et fille, ou pour Arno. Non. Inviter Maître Gims et Orelsan sur le titre "AVF" en dit long sur la qualité de cet album. Et sur le fait qu’il doit être appréhendé dans le contexte plus large de la mode des genres de musique post-modernes et terriblement "djeun's" du moment.
Le morceau « allez vous faire… », au titre censuré et honteusement botté en touche est loin d’être universel et lasse par son caractère incertain.
On passera le dyslexique "Papaoutai", géotreuchauzhàfoutre.
Les paroles pompeuses de « sommeil » ne me font pas oublier la très faible musicalité du morceau, cette faiblesse d’un accompagnement musical finalement digne de son temps, où les instruments traditionnels (la guitare, à tout hasard?!) sont hélas proscrits.
On parle d’une chanson dans la grande tradition du genre français, mais les arrangements de Nougaro, de Brassens et Ferré étaient autrement plus raffinés que ça. Il y avait matière à faire jouer ce bienveillant orchestre de « tous les mêmes » dans la plupart des chansons de l’album, et j'aurai pu parler de tout ça autrement.
On parle d'un son novateur. Cette fusion rap - house - chanson - (...) est trop chargée, et gâche la lisibilité de l'album, qui est loin d'être aussi accessible qu'on le dit. On ne sait plus où on est, et par la (trop) grande diversité des genres musicaux abordés, on pourrait presque ranger Stromae dans la catégorie "inclassable", à côté de Sonic Youth, qui pourrai être tout à coup catalogué "rock indépendant" à côté du pot-pourri foutraque de "racine carré".
Je sais bien que je ne vais pas me faire que des amis avec cette critique, mais franchement, je me devais de donner mon sentiment profond sur cette première écoute qui ne m'a pas du tout ravit , et tant pis si cette critique et ma note s'apparentent à l'idée de jeter un gros pavé dans la marre, comme ça, l'air de rien, je les assume pleinement.