Radiate Like This
6.5
Radiate Like This

Album de Warpaint (2022)

Encore un grand album signé Warpaint !

C’est quand même pas tous les jours qu’un de ses groupes préféré (voire son groupe préféré) sort un nouvel album. À ce propos, cette critique risque d’être dithyrambique et assez longue. Il faut dire que ce 4ème album de Warpaint s’est bien fait attendre, étant donnée la tendance perfectionniste du quatuor combinée à... une pandémie.

J’étais très curieux de voir quelle direction le groupe allait prendre, pensant au départ que ce Radiate Like This serait dans la lignée de l’excellent Heads Up, et finalement ce n’est pas vraiment le cas. Alors oui il n’y a pas de grosse révolution, néanmoins cet album possède sa propre identité. On retrouve évidemment tout ce qui fait le son de Warpaint : une INCROYABLE section rythmique bien en avant avec par dessus des guitares (ou claviers) noyées dans de la reverb/delay/chorus/[insert any dreamy modulation effect pedal here], sans oublier les harmonies vocales d’Emily Kokal et Theresa Wayman (et Jenny, et même Stella dans une moindre mesure, oui ça fait du monde) qui viennent sublimer le tout. Si le temps des compositions alambiquées presque progressives d’Exquisite Corpse et The Fool semble révolu, Radiate Like This possède l’ambiance très atmosphérique de l’album éponyme ainsi que les influences parfois électro/hip hop de Heads Up, pour un mélange des plus réussi.

· L’album n’aurait pas pu mieux démarrer qu’avec Champion ; le jeu de batterie instantanément reconnaissable de Stella fait de suite bouger la tête, et on se retrouve en compagnie de la voix de Theresa, entourée d’un clavier aérien et de délicats arpèges de guitare acoustique. Et ça ne fait que commencer ! On pourrait évoquer l’entrée de la basse (cette note judicieusement répétée à chaque début de mesure), les nombreuses pistes de voix venant épaissir le mix, la mélodie entêtante du refrain, jusqu’à l’envolée grandiose en milieu de morceau. Quelle entrée en matière, Warpaint, welcome back ! (dithyrambique, j’avais prévenu)

· On continue avec l’effréné Hips, présentant une atmosphère plus tendue, notamment avec cet étonnant riff de guitare sur le couplet. À noter la voix d’Emily se baladant un coup à gauche, un coup à droite ("Hips to the left, hips to the right" qu’elle chante, it makes sense). La production de cet album est vraiment top, il faut dire que Sam Petts Davies commence à se faire un petit nom dans le milieu après avoir collaboré à plusieurs reprises avec Radiohead et Thom Yorke, rien que ça. Seul petit défaut de ce morceau en ce qui me concerne : l’espèce de sample de voix trafiqué que l’on retrouve au début du refrain, mais j’ai fini par m’habituer. Et puis l’outro du morceau est vachement cool.

· La tension de Hips est contrebalancée avec le très planant Hard To Tell You, on fait face à un magnifique mur de guitares éthérées sur le refrain, sublimé par une performance remarquable d’Emily au chant. C’est beau. Très beau.

· Stevie est sans doute le morceau le plus surprenant de l’album, on se laisse séduire par son petit côté 80s. L’apogée du morceau est indéniablement le pont, très Cocteau Twinesque, et Emily signe une nouvelle fois une grande performance vocale.

· Like Sweetness est un morceau typique Warpaint dans le style "magnifique titre mélancolique mené par Theresa Wayman". Ce Like Sweetness me rappelle Shadows, sur le 1er album de Warpaint. Il y a donc bien un peu de The Fool sur ce disque !

· On se laisse ensuite tranquillement guider par le piano de Trouble. Le couplet, agréable, débouche sur un refrain plus mémorable. On a même droit à des violons, et c’est approuvé !

Ok attention, là on arrive à la triplette qui tue ; Proof/Altar/Melting :

· Proof est un de mes titres préféré de l’album. Mid tempo, le groove est assuré par la formidable partie de batterie de Stella (est-ce bien nécessaire de préciser qu’elle est sans aucun doute une des meilleures batteuses de notre ère?). Ce morceau me fait penser à certains titres de Goat Girl (enfin c’est plutôt Goat Girl qui s’est très clairement inspiré de Warpaint). Quoiqu’il en soit, ce fabuleux morceau est une autre preuve que cet album regorge de fantastiques titres.

· Altar est un de mes titres préféré de l’album. Le travail de batterie/boîtes à rythme est remarquable, le jeu de basse de Jenny implacable, alternant entre des notes haut perchées et d’autres bien plus graves. Le clavier au son étouffé contribue à l’ambiance sombre, tamisée (?) du morceau. Pour revenir sur la production, l’accord de piano revenant régulièrement en même temps que les quelques coups de caisse claire noyés dans de la reverb sont typiquement le genre de détails qui contribuent à élever Altar parmi les meilleurs morceaux signés par le groupe. Le chant réconfortant de Theresa est rapidement complété par celui de ses acolytes. "No words to say", je n’ai effectivement pas les mots pour décrire ce morceau comme il se doit.

· Melting est un de mes titres préféré de l’album. Quand je peux dire cela de tant de morceaux, c’est une fois de plus un signe qui ne trompe pas que Warpaint nous livre un album d’une grande qualité, que peu de groupes peuvent égaler. Ce titre a une histoire particulière car le groupe l’a joué plusieurs fois lors de ses dernières dates de tournée pré-Covid, trois ans en arrière. Je me suis donc réjouit de voir ce titre dans la tracklist de l’album. Ça commence en douceur, la ligne de basse est très mélodique, avec des tierces jouées haut sur le manche. Le changement de ligne de basse en cours de couplet pour des notes graves et rondelettes est des plus réjouissant. Les voix des membres du groupe se mélangent encore une fois à la perfection, et le second refrain nous amène sur un passage digne de Massive Attack (la batterie semble tout droit empruntée du titre Angel). La fin du morceau constitue le point culminant de l’album en terme d’intensité, tout en restant imprégnée d’une touchante mélancolie. Pas besoin d’un temps caniculaire pour fondre à l’écoute de ce Melting.

· Après ce grandiose enchaînement, le groupe conclut sur Send Nudes, qui démarre… à nu (rires) avec une simple guitare classique (tiens, comme sur Today Dear qui vient clore Heads Up), puis le chant de Theresa. On note les interventions pertinentes de la basse en fin de phrases. Le morceau s’ouvre d’avantage par la suite avec l’entrée de la batterie et d’un synthé 80s qui n’a pourtant rien d’infamant. Et voilà comment un (très) grand groupe conclut un non moins (très) grand album.

Si je devais faire un classement des albums de Warpaint, Radiate Like This arriverait à priori dernier mais vu les chefs d’œuvre que sont les autres albums du groupe, on ne peut pas en vouloir à celui-ci d’être un peu moins réussi que ses prédécesseurs (en remettre une couche : done). En tout cas ce sera certainement largement suffisant pour finir 1er dans mon top albums de cette année (spoiler : non !). Par ailleurs, Warpaint est un groupe monumental sur scène (superbe concert à La Cigale), que ce soit pour jouer ces nouveaux morceaux qui prennent encore plus d’ampleur en live (Champion, juste oufissime) ou quand il s’agit de déballer d’anciens tubes (Elephants et Beetles au rappel, que demander de plus ?).

En conclusion, Radiate Like This ne fait que confirmer une nouvelle fois le génie de Warpaint.

MB_Drums
9
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le 6 nov. 2022

Critique lue 33 fois

MB_Drums

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