Yannis Kyriakides & Andy Moor – Rebetika (2010)
Cet album sorti tout d’abord sur Cd a connu une sortie vinyle en deux mille seize, c’est celle -ci que je possède, mais, en fait, la toute première édition était entièrement dématérialisée, elle date de deux mille six, l’année où fut donné le concert qui sera à l’origine de ces bandes, un vingt-huit février à Glasgow. Je le précise, car ce souci de réédition donne du poids à cette œuvre qui ne manque pas d’originalité et de qualités.
Andy Moor le gars de « The Ex », groupe anarcho-punk néerlandais à l’origine, tient la guitare et les machines qui vont avec, et Yannis Kyriakides, d’origine Chypriote, est crédité à l’électro. Les deux se réunissent autour du rebetiko, cette musique provient des Rébètes, peuple réfugié en Grèce, en provenance d’Asie mineure, plus particulièrement de Turquie, et plus précisément de la région de Smyrne.
Le Rabatiko a connu son heure de gloire entre mille neuf cent vingt et mille neuf cent cinquante, avec une apogée entre trente et quarante. C’est une sorte de blues local dont les deux musiciens s’inspirent pour en insuffler une interprétation plus moderne, encore que les extraits des originaux qui nous parviennent entre les oreilles, à l’écoute de l’album, soient vraiment très prenants.
Certains seront sensibles à ces réinterprétations de ces classiques Rebetiko, à la fois très beaux mélodiquement et souvent saignants et déchirés, les montées dramatiques ne manquent pas qui nous renvoient aux misères du peuple réfugié, migrant, dont j’imagine que la photo de pochette nous restitue le principal moyen de locomotion d’alors.
Bien que les thèmes soient authentiques, ils passent tous à la moulinette de l’impro de nos duettistes, qui en extraient ce que bon leur semble, afin de créer une émotion chez l’auditeur. Du coup la beauté sombre du Rebetica apparaît souvent comme une blessure, une douleur ou un blues tragique…