Relaxer
6.6
Relaxer

Album de alt-J (2017)

Réalisé par alt-J. Mis en scène par alt-J.

Critique sous forme de vidéo disponible ici : https://youtu.be/mbkzOnMnOQw


Le contexte :


Sorti le 2 Juin 2017 chez Infectious Records, label indépendant britannique ayant à son catalogue des groupes tels que The Temper Trap, Local Natives, Bloc Party, White Lies etc. Le tout en partenariat avec Atlantic Records (Warner).


RELAXER est produit par Charles Andrew comme les deux premiers albums du groupe. Il s'agit également du producteur de Marika Hackman qui nous fait l'honneur de sa présence sur un titre de la galette.


L'opus a fait l'objet d'une communication relativement originale car son artwork n'est autre qu'un screenshot d'un jeu vidéo développé à la demande du groupe pour l'occasion par le créateur d'un jeu de playstation des années 90's nommé "LSD : A Dream Emulator".


Le groupe a toujours pas mal divisé la rédaction mais rarement autant. Pour ma part, j'ai associé chaque album à des moments de ma vie tant leur écoute m'a marquée. En ce qui me concerne c'est un grand oui et pour plusieurs raisons.


Pour comprendre l'axe de cette critique il est important de se rappeler que alt-J c'est un groupe qui s'appelait Films à la base et qui tire énormément d'inspiration du cinéma. D'ailleurs, "Matilda", le titre porteur de leur premier album fait directement référence au film “Léon“ de Luc Besson et à la fameuse réplique finale de Jean Reno "This is from Matilda“.


De manière générale leur musique est très "mise en scène" à la manière d'un film. Notamment sur le travail dans l'espace stéréo de chaque morceau qui renforcent l'immersion dans leur univers. Beaucoup de voix en background sont organisées comme des dialogues de film et l'usage de bruitages pour placer un véritable décor auditif. Et je ne parle même pas des clips actuellement en ligne de "3WW" et "In Cold Blood". Mention spécial pour ce dernier et son second degré, narré par monsieur Iggy Pop.


Les + :



  • "3WW" est une très belle introduction à l'album. Son clip est esthétique à souhait et le morceau profite d'un magnifique couplet final avec Ellie Roswell du groupe Wolf Alice.


  • "In Cold Blood" est le morceau radio de l'album. Très efficace. Je vais d'ailleurs me servir de ce titre pour illustrer l'approche cinématographique du groupe. Tout d'abord, ça commence avec Joe Newman qui chante une suite de "1" et de "0". Suite binaire qui, si elle est retournée, représente le code binaire du signe delta (indirectement le nom de alt-J puisque ce nom correspond au raccourci clavier sur mac pour la fameuse lettre grecque). Ensuite il faut savoir que le morceau parle d'une pool party qui vire au drame avec plusieurs assassinats. Et si vous écoutez bien entre le 2ème couplet et le 1er refrain, vous pourrez apercevoir le son d'un plongeoir qui tremble, d'un homme qui plonge et de personnes qui s'amusent dans l'eau d'une piscine. L'histoire veut que lorsque l'homme refait surface, il s'aperçoit du massacre.


  • Ensuite "House of the Rising Sun" est une reprise d'une chanson d'abord connue pour l'interprétation de The Animals et qui s'inscrit au palmares des chansons les plus reprises ("Knockin' On Heavens Door", "Hallelujah" etc.). Le groupe se l'est tellement bien appropriée que je ne l'ai même pas reconnue au début, et le résultat final est très prenant.



Les - :



  • Mais vient ensuite "Hit Me Like That Snare" dont la guitare est inspirée du dernier album de Radiohead d'ailleurs mentionné dans les paroles (A Moon Shaped Pool). Le titre se présente comme un hommage aux animes nippons avec des voix japonaises en background. Il raconte l'histoire d'un type qui va dans un sex hotel et artistiquement, aussi bien que techniquement, le titre est très réussi. Le seul problème c'est qu'il n'a rien à faire là et ne fait qu'entraîner un manque de cohésion dans ce RELAXER qu'on a parfois peine à suivre.


  • Les gimmicks de voix de Joe Newman peuvent énerver comme sur chaque album avec sa voix nasillarde. Notamment ici sur le morceau "Adeline". Mais le même morceau offre une deuxième partie très introspective et profonde. Et vraiment intéressante. Ce qui en fait un morceau très fort de l'album.


  • C'est très court. 8 morceaux, on avoue penser d'abord à un léger foutage de g****e. Mais quelque part c'est ce qui a découlé de ces sessions studio. Et personnellement je préfère ça plutôt que de se retrouver avec des morceaux de remplissage. Ici c'est sûr, ce n'est pas le cas.



En conclusion :


alt-J on adore ou on déteste. Pitchfork déteste (4 à 4,8/10 dans les notes d'albums). Moi j'adore. Mais pour le moment RELAXER ne me marque pas autant que les deux précédents opus du groupe. Notamment parce que le final donne une impression mollassonne surtout avec le morceau "Last Year". Très belle chanson qui a failli ne pas être ajoutée à l'album car trop dépressive. Et il est vrai que l'ambiance qui lui est donnée entraîne quelques longueurs. Le changement de chanteur sur la deuxième partie (Marika Hackman) fait allusion au fait que cette deuxième moitié est chantée aux funérailles du premier protagoniste/première voix après son suicide. Ce n'est pas joyeux joyeux mais on retrouve le souci de la mise en scène du groupe.


Quant à "Pleader", cette chanson à tout de celle d'un générique de fin. J'avais vraiment l'image en tête des textes qui défilent "réalisé par" etc. Avec le chant qui fait très "tout le monde au coin du feu" et une deuxième partie plus orchestrale voir épique. Autre détail, on a un passage à ce que je dirais être une flûte à bec. Mais je peux me tromper. Et ils ont gardé les bruits de respiration du musicien. C'est un détail con mais qui renforce l'immersion dans la mise en scène créée par le groupe et qui moi me parle beaucoup. alt-J change un peu les codes dans sa manière de créer la musique et c'est pour cela que ce groupe est pour moi une figure importante du paysage musical actuel.


Maintenant comme je vous l'ai dit, l'album divise. Ce verdict a d'ailleurs pour but de complémenter la critique de Valentin qui a été moins accueillant avec ce RELAXER. Sauf que je comprends ses arguments et les partage pour la plupart mais a une échelle différente. Il leur reproche un certain manque de cohérence qui rend l'album difficile à suivre ("Hit Me Like That Snare") et quelques longueurs malgré un format très court notamment avec "Last Year".


Au final, le bilan est très positif pour moi mais je pense qu'il faut vraiment écouter ce CD sans aucune attente et se laisser porter, voire persévérer dans le nombre d'écoutes. Le plus gros défaut de RELAXER étant la présence d'un morceau de la trempe de "In Cold Blood" très tôt dans la setlist alors que l'on ne redécolle jamais vraiment dans une ambiance similaire. Ce qui ne veut pas dire que c'est moins bien, mais ça construit des attentes différentes.


Publié sur Albumrock.net

Créée

le 24 févr. 2018

Critique lue 265 fois

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