Faire du neuf avec du vieux, mais le faire bien.

Après 2 albums "colériques" (These Systems Are Failing et More Fast Songs About the Apocalypse), la mélancolie avait pris le relais (Everything Was Beautiful, and Nothing Hurt). Mais une fois ces émotions fortes passées, qu'est ce qu'on fait ? Avec All Visible Objects, on aurait dit que Moby voulait revisiter sa carrière en quête d'inspiration. Il y avait quelques titres sympas, mais l'ensemble sonnait "vieux", déjà connu. Au lieu de revisiter, il s'était contenté de survoler. Ce qui est dommage pour un artiste qui m'a toujours semblé avoir quelque chose de neuf à dire. Peut être qu'après une vingtaine d'albums, Moby était arrivé au bout de ce qu'il avait à créer.

Ou peut être qu'on pouvait faire les deux. Reprise, hormis une cover de Heroes de Bowie, consiste en 13 titres de la carrière de Moby, à la sauce acoustique et orchestrale. Si certains titres emblématiques font logiquement partie de cette liste, je m'étais d'abord étonné de certains choix. La plupart des titres proviennent de sa période "mainstream" (1995-2005), principalement les albums Play et 18, et quelques titres sont tirés de l'album Innocents (2013). Je comprend cette envie de retourner à sa gloire passée, mais que vient faire Innocent ici, dans ce cas ? Et quitte à sortir de cette période faste, pourquoi ne pas avoir rogné sur quelques titres comme The Great Escape ou Everloving, qui sont loin d'être emblématiques comme Porcelain ou We Are All Made Of Stars, pour en inclure d'autres albums ? Animal Right, très rock, aurait pu être intéressant à revisiter.

Parce que cette fois, s'il a survolé sa liste d'albums, Moby revisite réellement les titres sélectionnés. Reprise est une vraie pépite, bourré d'émotion. Au lieu d'une compilation ou de simple versions acoustiques/orchestrales, il nous propose une nouvelle écoute des morceaux emblématiques en leur insufflant une atmosphère différente (comme pour We Are All Made Of Stars ou Extreme Ways) et/ou une nouvelle intensité (notamment Natural Blues et Go). La cover de Heroes s'intègre parfaitement dans ce processus, devenant un doux rêve porté par la voix de Mindy Jones. Cela dit, j'aurais été curieux d'entendre Moby sur cette chanson. Seule exception dans tout ça, God Moving Over the Face of Waters (au secours les titres à rallonge), qui reste excellente mais à plutôt sa place ici du fait de sa nature déjà orchestrale.

Quant aux titres de l'album Innocents, Moby a choisi de conserver leur ambiance originale, pour mieux les sublimer. Notamment The Lonely Night, qui avait du potentiel mais que je trouvais un peu ratée avec une mélodie trop peu présente face à la voix de Mark Lanegan qui n'était pas vraiment en valeur avec l'effet de reverb. Si on peut préférer les versions originale des autres chansons, The Lonely Night, The Last Day et Almost Home sont pour moi clairement supérieures sur Reprise.

Seul un petit point vient entacher la perfection de cet album. Comme je le disais, on peut préférer les versions originales, celles de Reprise fonctionnent parfaitement... sauf Lift Me Up, qui n'est ni ratée ni désagréable, mais dont le côté grandiloquent me touche moins que le reste. Mais bon, la quasi perfection, c'est déjà pas si mal.

Maintenant, la même question revient : et maintenant quoi ? Personnellement, j'espère qu'après avoir regardé en arrière, Moby continuera d'aller de l'avant et proposer de nouvelles choses, car il m'a accompagné pendant presque 20 ans, depuis 18, mon tout premier album. Je ne dirais tout de même pas non à un petit Reprise 2, entre 2 autres albums.