Rhythmatic Eternal King Supreme par matic
3ème album solo officiel de Reks qu’il n’aura heureusement pas fallu attendre 7 ans, très longue période entre son premier opus (‘Along Came The Chosen’ 2001) et son second (‘Grey Hairs’ 2008) avec à signaler quand même 2 street albums sortie entre temps (‘Rekless’ et ‘Happy Holidays’). Si la présence de Statik Selektah à la prod est moindre comparé au précédent avec 5 beats contre 11 sur le ‘Grey Hairs’, le beatmaker/DJ tient encore un rôle majeur dans la réalisation de cet album, une collaboration entre les 2 artistes qui remonte au tout début des années 2000 alors que Statik n’était âgé de seulement 19 ans. Ce nouvel album ‘R.E.K.S. (Rhythmatic Eternal King Supreme)’ est une marche importante de plus dans la discographie de Reks avec l’un des plus gros casting de beatmakers qu’on pouvait imaginer pour l’un des projets underground les plus attendus de l’année. Un LP qui s’ouvre sublimement par le titre ‘25th Hour’ produit par DJ Premier ( l’un de ses beats les plus marquants de ces 4 dernières années) suivie par une autre référence old school à la prod avec Pete Rock qui livre un terrain d’expression ravagueur pour Reks (’Thin Line’).
Dans ‘Kill Em’ Reks prend le point de vue de l’industrie du disque et tue tous les rappeurs underground, un titre qui d’une certaine façon rend hommage aux MCs qu’il respecte le plus sur un beat de Sean C & LV, un autre morceau original avec le ‘Cigarettes’ (feat. Lil Fame) qui approche de manière différente un thème bien connu. Il ne fait pas de doute que une fois de plus la présence de Reks au mic est l’un des grands atouts de ce projet mis en lumière par des bombes comme ‘This Or That’ (même très bon sample que le ‘Purified Thoughts’ de Ghost), ‘The Underdog’ et le ‘Face Off’ avec Termanology bien servi par une excellente prod de Sha Money XL. L’autre point fort de ce projet c’est le niveau général des différentes prods qui ne laisse pas beaucoup de chance à celle un peu moins marquante (j’ai toujours un peu de mal avec le ‘Limelight’ de Nottz) et si le morceau ‘Why Cry’ avec Styles P passe bien, on pouvait peut être imaginer beaucoup plus grand avec ALC à la prod. Dans ‘This Is Me’ et ‘Mr. Nobody’, Reks revient en profondeur sur les conditions difficiles de son enfance avec un père décédé très tôt et une mère junky, ce dernier titre est produit par Statik Selektah avec un sample vocal magnifique sur lequel le MC se laisse aller à pousser la chansonnette.
L’un des autres moments fort de cet album est sans aucun doute le morceau ‘The Wonder Years’ avec un beat tout simplement monumental de Hi-Tek, le beatmaker de Cincinnati signe une 2ème prod sur ce projet certainement moins efficace (‘U Know’ avec Freeway). Les 3 derniers titres de cet opus sont réservés à Statik Selektah qui fait étalage de tout son talent pour ceux qui en doutaient encore avec notamment le morceau ‘Mascara (The Ugly Truth)’ dans lequel Reks peint une triste réalité sur les conditions de vie réelle de la communauté black. L’album se referme comme il était partie avec 2 bombes et encore des samples de Nas très souvent utilisés sur les beats de Statik, sur ‘Like A Star’ c’est un extrait de ‘Book Of Rhymes’ qui est utilisé pour le refrain et sur le bonus track ‘Self Titled’ Statik détourne le diss track ‘Destroy & Rebulit’ de Mr. Jones envers Cory McKay aka Cormega pour l’utiliser à l’avantage de Corey Isiah Christie aka Reks. A chaque sortie Reks se rapproche de plus en plus de la perfection, et à en juger par le niveau de ce nouvel album, son prochain n’a pas d’autre choix que d’être le classic de son excellente discographie. Ce ‘R.E.K.S. (Rhythmatic Eternal King Supreme)’ est à placer tout en haut de la liste des meilleurs sorties de l’année.