Black d'avant garde d'élite cinq étoiles.

Peut-on raisonnablement mettre une mauvaise note à Enslaved? Est-il possible de trouver un levier sur lequel s'appuyer pour enclencher le processus de la critique? Groupe authentique, noble représentant de la trve attitude, les Norvégiens ont su évoluer depuis leurs débuts, Enslaved est aujourd'hui une entité protéiforme.

Enslaved représente le black metal des années 2020. Un nouveau black métal, émergeant des profondeur des caves d'antan, pour exploser au grand jour. Sorti de l'ésotérisme de comptoir et de la provocation sataniste grand gignol (qui a dit Belphegor?), le black moderne digère les influences pour se pencher sur la philosophie, la relation entre l'homme et la nature, et les questions théologiques.

Riitiir est l'achèvement d'un long travail mené par le groupe pour arriver à un metal terriblement fin, intelligent, et équilibré. L'album se promène paisiblement et lève le nez bien haut, affirmant avec orgueil son statut de chef d'oeuvre de ce que le metal peut offrir de meilleur aujourd'hui. Axioma Ethica Odini avait montré la ligne directrice du travail qu'allait offrir Enslaved à son public. Riitiir est encore plus sûr de lui.

Du growl quand il faut, du chant clair quand il faut, des ralentissements quand il faut, et des accélérations quand il faut. Le tout avec une oscillation constante entre un metal ciselé et des ouvertures franches sur les mélodies et des passages atmosphériques très inventifs. Les musiciens d'Enslaved ont beau avoir commencé par le black metal, ils sont aujourd'hui le fer de lance de ce metal progressif, précis, travaillé et ouvert qui montre que le metal n'est pas (seulement) une musique de chevelus stupides. Un album quasi parfait, presque trop! Il pourra laisser quelques auditeurs peu persévérants sur la paille.

Le genre d'album qu'on est heureux d'avoir acheté.