Mezzanine es-tu là ?

Chez les fans de Massive Attack, il y a ceux qui ont surtout aimé la période Blue Lines, et ceux, comme moi, qui ont surtout aimé la période Mezzanine/100th Window.

Après un Heligoland qui alternait le bon et le moins bon et qui, admettons le, était globalement un peu mou du genou, je me demandais ce que nous réserveraient Robert Del Naja, alias 3D et Daddy G, revenu chez Massive Attack depuis Heligoland. La promesse était alléchante : quatre titres, quatre collaborations dont une avec le vétéran de la scène hip-hop britannique, Roots Manuva et puis surtout... le retour de Tricky ! Excusez du peu.

Et bien moi je n'ai pas été déçu et j'avoue être assez surpris par les critiques plutôt mitigées. Je ne comprends pas ce qu'attendent les éclaireurs qui ont mal noté cet EP de Massive Attack mais pour ma part, j'y ai trouvé ce que je cherchais, à savoir ce son noir, poisseux, vénéneux, craquant comme un vieux vinyle rayé et aussi désespéré qu'une nuit pluvieuse sur Bristol.

Le premier titre, Dead Editors est un morceau nerveux, voire névrosé, où les rythmiques syncopées soutenues par la voix de Roots Manuva s'opposent à des basses qui claquent comme des coups de poing dans la gueule. L'ambiance soignée est sombre, froide, et me rappelle très nettement celle de Mezzanine. Bon là déjà je me dis que les mecs sont en forme et qu'ils ont la haine. Cool, très cool. Sur une grosse sono qui permet de "sentir" la musique, ça frôle même la bonne vieille fessée.

Vient ensuite Ritual Spirit, chanté par un certain Azekel que je ne connais pas mais dont la tessiture très particulière fait penser, toutes proportions gardées, à celle d'Horace Andy. Ce titre est plutôt calme et planant. A la fois sombre et rêveur. Je peine à dissocier ce morceau de son clip tant celui-ci, réalisé par Del Naja lui même, est réussi. On peut y voir Kate Moss en body faire virevolter une ampoule allumée au bout d'un fil électrique, créant un effet stroboscopique qui évolue tout au long du clip jusqu'à un final coloré, quasi psychédélique. L'ensemble est envoûtant, hypnotique.

Le troisième titre est celui qui m'a le moins parlé, ce qui ne veut pas dire qu'il soit mauvais, d'autant que son clip, mettant en scène l'excellente Rosamund Pike au prises avec une sorte de robot flottant dans les airs, est magnifique. Mais sur les quatre titres c'est celui que j'ai le moins apprécié.

Vient enfin, le tant attendu retour de Tricky, ainsi que de 3D également au chant, pour un morceau que j'ai trouvé très réussi, les deux compères susurrant leurs textes dans une ambiance lourde, pesante et mélancolique, pour déboucher, vers la moitié du morceau sur une partie instrumentale, puissante et absolument somptueuse qui m'a fait dresser les poils sur les bras. A noter, là encore, un très joli clip dans lequel on peut voir l'acteur John Hawke se battre contre ses démons sur une chorégrahie de Ryan Heffington (responsable, entres autres de la choré de Chandelier de Sia).

Bref, cet EP sent le retour aux sources bien dark, celles qui ont fait la beauté diabolique de Mezzanine et 100th Window; et je me dis que si tout l'album, qui doit sortir en septembre, est de la même veine, on va prendre une bonne claquasse. Tant mieux !