Kalaparusha Maurice McIntyre – Rivbea Live! Series, Volume 1 – (2024)
Je vous avais présenté le second volume de cette série consacrées aux enregistrements inédits issus du Loft Rivbea, celui de Sam et Beatrice Rivers. Et bien le premier est également considérable, on regrettera toujours ce manque de précision continu dans la prise de son, mais l’énergie ambiante est largement captée et c’est un régal qui nous est servi.
Kalaparusha Maurice McIntyre laissera probablement le souvenir de son album de soixante-neuf « Humility In The Light Of Creator » qui sera sans doute cité comme son album référent, pourtant la folie de celui-ci appelle également des éloges.
En ces temps, nous étions en pleine période des lofts, et Kalaparusha avait eu l’honneur d’ouvrir le bal de la mythique série des « Wildflowers: The New York Loft Jazz Sessions », avec la pièce « Jays », premier titre gravé sur le premier volume de la série qui en contient cinq, c’était en mai soixante-seize, pratiquement un an après cet enregistrement.
Cette session live formée de trois pièces « Unidentified » est donc importante pour ce qu’elle dévoile du chemin du saxophoniste- clarinettiste, il faut savoir que Kalaparusha connaissait une terrible addiction à la drogue, et que, pour lui, cette dernière n’apportera que le malheur.
Ici il est encore magnifique et ce témoignage est un régal, parfois bouleversant. Il partage avec le trompettiste Malachi Thompson un égal investissement, tout donner, avec générosité et sans compter… Milton Suggs à la basse est exceptionnel, il bénéficie d’une restitution de sa partie plutôt en avant, ce qui le met très souvent en relief. Alvin Fielder à la batterie est lui aussi très au niveau.
Même si le son est parfois fâcheux, il ne faut vraiment pas s’arrêter à ces détails, même si ça demeure souvent un facteur important, tout est emporté par la fougue présente sur ces faces, toutes signées Kalaparusha, et je pense que je vais m’abonner à cette furieuse série très low-fi.
Kalaparusha connaitra une chute d’activité dans les années quatre-vingts, à mettre en rapport avec son addiction, il jouera dans les rues et les stations de métro pour satisfaire à la tragédie du destin, et vivra dans la pauvreté et le dénuement, jusqu’à son décès dans le Bronx, en deux mille treize.