Julius Hemphill – Roi Boyé & The Gotham Minstrels
Voici un double album en vinyle de Julius Hemphill entièrement en solo, ou dialoguant avec lui-même par le biais du re-recording, bienvenue avec le "Roi Boyé & The Gothan Minstrels". Cet exercice solitaire comporte généralement un gros avantage secret pour le consommateur, les albums originaux sont souvent à bas prix et dans un état impeccable, le saphir n’ayant eu guère le temps d’y graver son passage, c'est que l'exercice peut paraître austère et que l'on n'y revient pas tous les quat'matins…
C’est notre trio en provenance de FJMt° qui a posé l’oreille sur cet enregistrement et bien lui en a pris car, pour les amateurs d’exercices en solitaire, c’est une belle réussite ! A l’endroit où j’en suis dans mon écoute Julius s’est multiplié en trois, à la flûte ainsi que sa voix que l’on entend au milieu du spectre, à l’alto à droite et au soprano à gauche, trois Julius ici rassemblés, ne faudrait-il pas se plaindre de profusion plutôt ?
C’est une formule assez souvent mal aimée, comme le « For Alto » d’Anthony Braxton ou «Stabs » de Steve Lacy ou encore le « Solo In Berlin » de Paul Rutherford et tant d’autres encore, le piano s’en sort mieux, on lui accorde alors plus facilement polyvalence, distinction et noblesse.
Julius Hemphill n’est pas dans la démonstration ou le « m’as-tu-vu » que certains pourraient craindre, c’est le feeling qui est prioritaire, place à l’émotion ou à l’esthétisme, à l’harmonie de ces instruments qui avancent ensemble, jouent les uns avec les autres, tournent en circonvolution, se cherchent se trouvent et se combinent…
Et, quand le solo est absolu et que le jeu entre les combinaisons s’est effacé, reste le suc, ce qui fait l’essentiel, l’identité, la vérité nue de l’artiste.