Voilà environ 40 années que j'ai découvert le free jazz à travers une production de Sun Ra intitulée "Nuits de la Fondation Maeght, volume 1". A l'époque, j'avais une vingtaine d'années, cela a été une véritable découverte. Fort de celle-ci, je voulais pénétrer plus avant l'univers du free jazz et j'essayais Ornette Coleman, John Coltrane, Albert Ayler, et rien n'y fît, je ne parvenais pas a apprécier. Quelques dizaines d'années plus tard, je me procure cet album d'Ivo Perelman, et là, de nouveau un blocage. J'essaie une quinzaine d'années plus tard John Coltrane et son fameux "A Love Supreme", et là j'ai la révélation, tout comme Sun Ra 30 années auparavant, comme quoi, il faut les bonnes portes d'entrée. Quelques années passent et tout-à-coup je me prends de passion pour Don Cherry et découvre enfin les premiers albums d'Ornette Coleman, et là, c'est la gifle. J'attrape enfin le virus, je replonge dans l'univers de Sun Ra, redécouvre un saxophoniste précieux pour qui j'avais organisé un concert en 1997, Charles Gayle et cet album d'Ivo Perelman, "Sad Life", qui traînait dans mes bacs depuis 1996.

C'est dire qu'il faut laisser décanter pour en apprécier toute la saveur.

Ce "Sad Life" est phénoménal, mais faisons les présentations d'abord : Ivo Perelman, brésilien, est un des virtuoses du saxophone qui a joué entre autres avec Paul Bley, Nana Vosconcelos ou encore Louis Sclavis ; Rashied Ali, batteur, lui, n'a rien a envoyer à son confrère, puisqu'il a joué avec Pharaoh Sanders, Archie Shepp, sun Ra, Don Cherry et Paul Bley, pour ne citer que les plus importants ; et finalement William Parker, contrebassiste, a joué avec Cecil Taylor, Peter Brötzmann et Toshinoro Kondo. Cela situe le niveau d'importance de cet album.

Inutile de passer en revue les différents morceaux. Même si la plupart sont dans l'esprit free, on peut y déceler des influences hard bop, cool jazz, ritournelles brésiliennes, et j'en passe, mais le tout passé à la moulinette pour nous offrir une musique expressionniste et vibrante. Tout explose dans une variété stylistique où tension et euphorie se mêlent à passion et rêve.

Il m'aura fallu du temps pour apprivoiser ce disque, mais la récompense est au bout du chemin à qui sait faire preuve de patience ... à bon entendeur ...

PiotrAakoun
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le 8 sept. 2023

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