Sad Wings of Destiny est perçu comme le premier grand chef-d’œuvre de Judas Priest ainsi que leur album phare des 70s. Il contient quelque uns de leurs titres les plus connus et notamment le fameux Victim of Changes. L’album est décrit comme un des premiers albums véritablement heavy de l’histoire de la musique est celui qui aurait défini le genre.
Comme vous pouvez le deviner, je ne suis pas de cet avis. Du moins, pas complètement.

Ne vous méprenez pas, Sad Wings est un bon album. Il n’est juste pas fidèle à sa réputation. D’accord il y a des titres bien heavy que sont le véloce Tyrant, le puissant Deceiver et le cultissime Victim of Changes, sans oublier The Ripper et sa fameuse intro. Du reste, euhh Genocide et Island of Domination ? Ces titres auraient très bien pus se retrouver sur le premier album du groupe, Rocka Rolla. C’est vraiment trop léger, et même sur l’ensemble je trouve que l’album navigue sur un son beaucoup plus hard rock que heavy. La production y est pour beaucoup, écouter le solo au vibrato de The Ripper franchement, c’est beaucoup plus proche d’un Winter Retreat que d’un Sinner.
Malgré ce gros souci, il n’empêche pas à des morceaux de s’en sortir. Victim of Changes est l’exemple même, la réussite de faire une chanson heavy avec un son hard rock. Cette chanson est magistrale, en commençant par un riff très basique elle fait ce tour de force de changer de rythme en plein milieu avant de se lancer sur des solos à des années lumières de tout ce qui se faisait alors jusque-là. La dernière partie qui passe du calme au puissant sur un riff bien méchant est superbe, le « Victim of Changes » crié par Halford est l’un des plus puissants aigus de toute sa carrière et la chanson finit fortement et brusquement.
Tyrant démarre l’album dans un rythme endiablé et un riff bien puissant (juste après Prelude qui annonçait déjà la couleur épique de l’album, excellente transition). Rob chante vite sans aller dans les aigus (à part pour la très puissante dernière note). Les refrains sont surprenants, Rob double les voix (grave/aigu) et cela donne un résultat très rythmé. Les solos manquent de puissance mais les guitaristes ont la bonne idée de jouer vite et dans les aigus pour combler ce manque. Ce titre en soit a défini la forme qu’allait prendre le heavy metal avec ces fameux duels entre guitaristes.
Deceiver prend la bonne idée de faire des couplets rapides (comme pour Tyrant ils font à peine dix secondes) pour aller droit au but (la chanson dure moins de 3 minutes). Cette efficacité se retrouve sur The Ripper. Si son intro est restée légendaire, c’est bien car elle réussissait à placer en 5 secondes la chanson sur un rythme rapide « On the Run ». Le morceau est remarquablement enregistré et la voix de Rob notamment ressort vraiment bien.
La force de ces chansons vous l’aurez compris, c’est la surprise. Si elles sont toutes considérées comme des chefs-d’œuvres, ce n’est pas seulement car elles étaient pionnières sur le terrain du heavy metal, mais avant tout car il faut du génie pour réussir à les composer.


Il y a encore deux titres que je n’ai pas parlés. Epitaph avec Rob qui chante à la Freddy Mercury fait généralement rire tant elle ne colle pas avec le reste de l’album. J’avoue tout de même avoir une certaine affection pour elle et la trouver assez jolie, comme avec Last Rose of Summer sur l’album suivant. Ces chansons n’ont pas grand-chose à faire sur un album de heavy mais reste bien faite dans leur style. Par contre c’est Dreamer Deceiver que je ne peux vraiment pas cadrer. Je la trouve juste horrible, et je sais que c’est considéré comme l’une des meilleures chansons du groupe. Mais rien que l’intro avec « Standing by my window » ou Rob fausse complètement et la suite où il donne l’impression de se forcer sur les graves, c’est bon j’ai déjà arrêté la chanson à ce point-là. Alors oui ça reste une chanson progressivement impressionnante avec de grands solos (qui m’endorment), mais j’ai toujours trouvé que le Priest échouait à vouloir transmettre des émotions (sauf pour des chansons qui ne sont pas metal comme Epitaph) et que le heavy n’est tout simplement pas le genre qui s’y prête.

Alors résultat des courses, à part deux pistes sans guitare et deux autres qui sonnent hard rock, on a un album qui s’en sort plutôt bien et qui a effectivement défini les bases ce qu’allait donner le heavy metal dans les années suivantes. Pourquoi même en affirmant cela je continue à garder une mauvaise note ? Les réponses sont simples : Sin After Sin. Sinner. Diamond and Rust. Let Us Pray. Dissident Aggressor. Pour moi l’album qui sortira l’année suivante bénéficiera d’une production bien meilleure et d’un son 10x plus heavy que son prédécesseur. Sinner démolit absolument tout ce qui avait été fait auparavant et s’impose comme l’un des plus grands morceaux du heavy que j’ai pu entendre. Et le problème c’est que j’adorais déjà le morceau avant de m’écouter Sad Wings pour la première fois.
Enfin voilà. Derrière un titre et une pochette émo, Sad Wings of Destiny est un album qui a marqué l’histoire du metal, mais la production trop cheap et un son encore trop hard rock m’empêche de véritablement apprécier l’album.
stevenn33
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le 3 août 2014

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