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Santana IV
6.6
Santana IV

Album de Santana (2016)

Il est des résurrections plus tendancieuses. Après une belle traversée du désert passée à creuser de plus en plus profond (All that I am, Shape Shifter ou Corazón), votre serviteur ira même jusqu’à dater la sécheresse de la chose après le splendide Milagro (en 1992), Santana et compagnie commençaient à très sérieusement à piocher dans les fonds de tiroirs de commodes au rabais et ce n’est pas le grammysé et pourtant fort palot Supernatural (1999) qui changeait la donne. L’affaire sentait donc la cagette à plein nez et c’est au moment où les exégètes commençaient à faire chauffer la nécrologie musicale du guitariste que celui-ci pris la décision, radicale mais géniale, de réunir autour de lui le line-up (ou presque) qui l’accompagna de Woodstock au culte multi-platiné Santana III : Gregg Rolie (claviers), Neal Schon (guitares), Michael Shrieve (batterie), Mike Carabello (percussion) auxquels s’ajoutent Karl Pezzaro (percussions) et Benny Rietveld (basse). Ne manquent à l’appel que David Brown, décédé en 2000, et José Areas. Voilà pour l’histoire.


Pour fêter cette réunion magique (mystique ?), chacun participera à l’écriture des seize titres présents… et l’heure et quart de musique proposée. Mais la grande question restait de savoir si la magie allait réapparaître comme par enchantement, quarante ans après les faits. Dès l’introductif « Yambu », le choc ressemble à un ouragan électrique. Une énergie folle, contenue dans une sorte d’incantation de ce qui va se déployer ensuite. Un appel à la recharge. Un désapprentissage qui évite les mauvais réflexes récents. Un exercice de jonglage, en équilibriste, fait de turbulences sous contrôle, prompt à décrocher la Lune de ceux qui n’y croyaient plus. Et les Cassandres de se péter la gueule.



“C’était magique. Nous n’avions pas besoin de forcer l’énergie
ambiante – elle était déjà intense. À partir de là, il nous fallait
juste essayer de trouver le bon équilibre dans les chansons et les
jams de sorte que les gens puissent immédiatement les identifier comme
du Santana.”



Évidemment, la puissance du groupe n’est plus tout à fait la même. Mais des morceaux aussi emballants que « Shake It » ou le single « Anywhere You Want to Go » sur lequel chacun y va de son solo, confirment que la réunion n’a rien d’improvisée, ni de mercantile. Le psychédélique « Fillmore East » (quasiment huit minutes), les rutilants « Love Makes the World Go Round » et « Freedom in your Mind » avec Ronald Isley au chant, nous permettent de toucher les origines du bout des notes. Même si la longueur un poil excessive de l’album (trois ou quatre titres auraient mérités de figurer en bonus afin de recentrer les choses) s’apesantit sur des titres hors du cadre générique (« Suen Os », « Forgiveness »), l’aspect joyeux des retrouvailles prend aisément le dessus avec le diptyque festif et moderne « Choo Choo » / « All Aboard » ou le charnu « Echizo ».


Au bout de l’addition, ce vingt-troisième album du guitariste retrouve ce son chaud typique, sans esprit de contrefaçon. De la musique jamais grincheuse, toujours éclairée. S’il peut manquer parfois de concision, IV exalte une aisance, une attitude à la cool digne des grands disques fluides de Santana. En retrouvant la recette d’antan avec un son modernisé, il ne surprend plus par les univers abordés, mais décoche un portrait musical aux montées d’adrénaline irrésistibles.


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AmarokMag
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le 15 avr. 2016

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