Je ne vais malheureusement pas être très original dans ma critique. Comme beaucoup de personnes qui aiment les Fatals Picards, le groupe est principalement pour moi Pamplemousse Mécanique, une œuvre quasi-parfaite. Comme beaucoup de fans, ce quatrième album est le summum du groupe et le point de référence. Comme beaucoup de fans, leur septième album Septième Ciel m'apparaît comme une énorme déception.
Les Fatals y perdent leur sens du rythme, du bon mot, des sujets graves traités avec humour.


Car oui, les Fatals Picards c'est avant tout une diversité musicale, ancrée principalement autour du punk avec quelques accents pop et parfois même un peu reggae. Le but est de mettre des chansons qui parlent de vrais sujets, avec une réelle profondeur et empathie sans jamais, pour autant oublier l'humour. Les tournures de phrases sont belles et pour autant on rigole autant qu'on réfléchit, le tout entrecoupé de morceaux purement drôles et très bien construits.


Malheureusement, ce n'est pas ce que Septième Ciel Propose. Là on a plutôt des tentations de faire de l'humour pour de l'humour, rarement en réfléchissant et avec des constructions pas franchement top.
Pour autant, ce n'est pas mauvais, loin de là, mais plusieurs titres semblent en-deçà des attentes légitimes.
Ainsi Gros Con évoque un mariage miteux entre une femme et un homme violent. Malheureusement, les rimes ne sont pas parfaite, l'écriture est simpliste et on ressent une empathie moyenne, là mais pas trop. On a plus l'impression d'assister à un double remake de La Française des Jeux et Le Mariage de Kevin et de ma Sœur. Certes, on se concentre plus sur la violence, mais finalement on la traite beaucoup moins et on se contente de phrase facile pour ne pas creuser le sujet.
Le même problème se retrouve avec Atomic Twist qui a un refrain sympathique et des couplets un peu marrant mais qui, finalement, sous-traite la question du nucléaire et possède, surtout des ponts bouche-trou et pas franchement utile. On peut retrouver un peu ce traitement par-dessus la jambe avec De l'Amour à Revendre qui donne bien envie de chanter mais se trouve là encore avec un message sans grand intérêt.
On voit également dans Le Dimanche au Soleil un traitement de la beaufitude fait à la va vite qui ne mérite pas de clôturer l'album.


Les Fatals Picards ont aussi des morceaux purement humoristiques. C'est un registre qu'ils connaissent bien mais, là encore qui n'est pas parfaitement réussi sur ce disque. On notera ainsi le très mauvais PPDE sur un poisson pané qui est écrit de manière horriblement médiocre. Les jeux de mots sont facile et vraiment bas de gamme. Ils sont tellement prévisibles qu'ils en deviennent tristes. Ce morceau représente le mieux ce que certains autres fans ont appelé « le moment où les Fatals Picards jouent à faire les Fatals Picards ». PPDE est donc un morceau horriblement mauvais.
Pogo d'Amour est également dans cette catégorie de titre loupé qui semblait vouloir tenter de faire rire. Là aussi gros échec bien intense.


Heureusement, Punks au Liechtenstein fait, pour sa part, bien rire avec son côté violent exagéré et ses calembours bien réussis tout en demeurant absurde à souhait. On appréciera la connotation Rammstein bien maîtrisée. C'est vraiment un de mes morceaux préférées tant il maîtrise les codes du métal.
On notera un titre Manouches qui, là encore, maîtrise le langage des Fatals sans tomber dans l'auto-caricature et sait gérer quelques inspirations balkanes.
Dans la catégorie titre réussie, on notera également Robert, le temps fort du disque, incontestablement. Au-delà d'une ligne de basse envoutante et d'une guitare qui sait imposé les temps, le morceau a le mérite de nous montrer du pur Fatals Picards : émouvant et drôle, montrant que derrière les rires il y a des larmes et que les causes des larmes font bien souvent rire. C'est donc un pur concentré du talent du groupe qu'on a là.
Deux titres sont à mi-chemin. Hortense d'une part, qui, parlant de la vieillesse aurait pu être plus émouvant mais est surtout répétitif musicalement. Cela dit, Les Fatals Picards lorgnent vers un vieux bal musette donc c'est déjà intéressant rien que pour ça. De l'autre côté, Ernestine a un texte écrit en 4 minutes 35 mais a un instrumental qui défoule, c'est déjà pas mal.


On peut donc dire que cet album nous offre d'une part du mauvais Fatal (PPDE, Pogo d'Amour), d'autre part des titres qui sans être totalement mauvais sont franchement moyen, soit par une idée sous-exploité (Atomic Twist), soit par un texte trop faible (Ernestine), soit par le sentiment d'avoir une auto-caricature (Le dimanche au soleil, Gros Con) ou par la sensation d'avoir un détail qui cloche (Hortense, De l'Amour à revendre). On a heureusement quelques bons moments (Punks au Liechtenstein, Manouches), une belle reprise (Sans contrefaçon parfaitement géré) et un titre parfait : Robert. Rien que cela sauve l'album.

mavhoc
5
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le 22 févr. 2016

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