Anna Webber – Shimmer Wince – (2023)
Paru l’année dernière, tout comme « Capacious Aeration » dont je vous ai parlé, voici un autre album de l’étonnante Anna Webber, étoile montante de la « Downtown Scene » de New York. Les deux albums sont assez différents, si ce n’est ce parti-pris avant-gardiste. Celui-ci est vraiment étonnant, il surprend par son originalité et séduit en même temps, certainement un des albums les plus originaux de l’année vingt-trois, qui représente un cru assez faramineux en fait…
Ils sont cinq, et pourtant, à l’écoute, ils semblent être le double. Anna Webber joue du saxophone ténor et des flûtes, elle donne la direction et compose. L’excellent Adam O’Farrill joue de la trompette, Elias Stemeseder des synthés, Mariel Roberts du violoncelle et Lesley Mok de la batterie, (tout comme pour l’album du dessus).
Il faut un peu se plonger dans le livret pour comprendre l’enjeu. Pour cet album Anna Webber travaille à partir des accords uniques utilisant la série harmonique connue sous le nom de « Just Intonation ». C’est un ancien système d’accordage qui se base sur les harmoniques naturelles et les résonances des notes. Dit ainsi, ça n’explique pas grand-chose, mais quand on écoute on comprend mieux.
Ainsi l’album est empreint de minimalisme et de structures répétitives. La base rythmique est solide, souvent entêtée, elle aime à se répéter, même si elle tolère une évolution. On ne peut pas strictement parler de jazz et encore moins de musique contemporaine, car le groove est là et nous maintient fort bien.
L’harmonie est bien là également, avec pas mal d’équilibre et tous ces éléments qui s’ajoutent et se superposent. Les impros également sont présentes, Adam O’Farrill est énorme, ainsi qu’Anna Webber, à la flûte particulièrement où elle brille, comme sur « Squirmy ». Parmi les compos, bien que toutes soient remarquables on peut attirer l’attention sur « Swell » qui ouvre l’album et « Wince » qui le continue, il y a également « Periodicity 1 » qui montre bien ce qu’est cet album ainsi que « Shimmer » qui le termine.
Reste à insister sur l’accessibilité d’un tel enregistrement qui est vraiment aisément écoutable. Même s’il possède à l’origine une ligne directrice, puisqu’il suit les principes de la Juste Intonation, celle-ci est précisément utilisée pour obéir à l’harmonie, ce qui, en général, plaît plutôt bien.
Encore un très bel album qui pourrait plaire à beaucoup.