Un excellent disque, mais pas de Loudness

Après le semi-échec commercial de Hurricane Eyes, le producteur Max Norman suggère à Loudness d’engager un chanteur maîtrisant la langue de Shakespeare. Minoru Niihara est donc remercié pour être remplacé par Mike Vescera qui faisait partie d’Obsession. Si les qualités vocales de ce dernier sont indéniables, la patte Loudness s’estompe pour faire entrer le groupe dans les cases imposées par le business américain. On peine donc à reconnaître Loudness tant les titres, plutôt bons au demeurant, ressemblent à tout ce qui se fait à l’époque et sonnent à la manière MTC. Seule la guitare d’Akira, en partie domestiquée, donne encore des envie de grands espaces.
Le heavy metal présent sur les précédents opus laisse place à un heavy rock américain calibré, aseptisé, lissé et poli à l’extrême. Ainsi, l’enlevé « You Shook Me », le FM « Danger Of Love » qui rappelle TNT, « 25 Days from Home » ou encore la ballade « Lost Without Your Love » sont bien écrits, superbement interprétés, produits avec finesse, mais ne laissent rien dépasser. Pourtant, comme à son habitude, Loudness débute son album avec un titre hargneux. Certes, « Soldier of Fortune » est étalonné pour ne pas choquer le public américain, malgré cela, il est entraînant, servi par un riff efficace et chanté avec talent. « Demon Disease », qui clôt cet opus, est bien plus heavy et méchant, avec son rythme rapide, ses descentes de manche et sa rythmique énergique, nous rappelant que Loudness aime lâcher les chevaux.
Entre ces deux morceaux, plusieurs titres sortent du lot, comme le mid tempo « Red Light Shooter » au refrain fédérateur, ou le très beau « Faces in the Fire » aux riffs complexes et aux changements de rythmes incessants. Ce titre étonnant, peu en accord avec le reste de l’album, propose des arrangements subtils qui font la part belle aux guitares et à la basse, tout en renvoyant à ce qui passait à la radio à l’époque. Ne comportant aucune mauvaise chanson, Soldier Of Fortune propose même de magnifiques compositions, comme « Long After Midnight » dont le refrain est finement travaillé ou « You Shook Me » qui donne envie de taper du pied et qui sortira en single.
Malgré cette indéniable réussite artistique, les fans boudent en grande partie cet album parce qu’il ne correspond pas à l’image du groupe. L’échec commercial est d’ailleurs plus important encore qu’avec le précédent, preuve, s’il en est, qu’il ne faut pas se moquer du public. Mike Vescera en fait des tonnes, aussi bien vocalement, que lorsqu’il apparaît dans les clips du groupe ou sur scène.

DenisLabbe
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le 19 déc. 2020

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Denis Labbe

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