Il faut souvent une grande patience pour dénicher le talent brut. « SongBook vol. 2 », troisième album de Cécile Corbel, met cet aphorisme en évidence et réussit dans le même tour son examen de passage dans la cour des grandes sœurs Loreena McKennitt et Sinead O'Connor. Ces compositions ancrées dans la tradition bretonne (elle est née il y a moins de trente ans à Pont-Croix, au sud de Douarnenez) nous content des histoires d'amours tragiques, des saisons abattues sur les forêts ancestrales, quelques exploits chevaleresques et autres mythes et légendes qui prêtent aux songes.

« Dans la cosmogonie celte, le pouvoir d'un songe est aussi réel que la trace d'un pas »
Hugo Pratt – Corto Maltese – les celtiques

A l'écoute du disque, on ne peut s'empêcher de penser que cette jeune femme aligne des titres en anglais, breton, français et en gaélique avec un aplomb désarmant. Celle qui a commencé en apprenant la guitare avant un coup de foudre pour la harpe à 17 ans donne ainsi le ton, lumineux, dès l'introductif « Mary » aux arrangements exquis. Depuis le premier volet de ses SongBook, le talent mélodiste de Cécile Corbel s'est encore épanouie, comme en témoigne « Lover's Farewell » qui pourrait sans mal figurer au générique d'une belle production cinématographique. La métamorphose opère également sur des ambiances féeriques (« Sweet Song » assez Kate Bush, « An Hini A Garan ») et surtout des chansons qui caracolent à plein régime : « En La Mar » (plus rock), « Painted Veil » (aérien), le traditionnel « Raggle Tagle Gypsy » (festif) et la fraîcheur de « I See the Great Mountain » qui fait à la fois penser à une World Music façonnée par Peter Gabriel auquel on aurait greffé une voix cousine de Maggie Reilly : un timbre haut, limpide et parfois ombrageux. L'intérêt de Cécile Corbel pour les répertoires turc, séfarade ou africain lui permettent même quelques échappées dans le somptueux « Innocence » ; avec un tel résultat, on peut dores et déjà lui prédire un avenir des plus radieux. En allant chercher du côté d'instruments comme la kora africaine ou le koto japonais, c'est tout son univers qui s'éclaire d'un jour nouveau. Un monde fragile, limpide, où les sens sont en éveil, où la harpe devient reine. Pas étonnant alors que Alan Simon ait choisi la demoiselle pour interpréter le rôle principal de son prochain spectacle dédié à la reine Anne de Bretagne.

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le 15 janv. 2012

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