Souvent cité comme les meneurs du Stoner, Queens of the Stone Age est pourtant bien plus que cela, et tout en assumant des sonorités stoner, Songs for the Deaf est le parfait album qui prouve que le groupe va bien au-delà. En 2002, les Reines offrent au public un album sans concession mettant parfaitement en lumière l'essence du groupe.
Globalement, il n'y a pas grand chose à dire sur ce disque, il se libère rapidement, il n'est pas dur à cerner. C'est un message brut de ce que représente Queens of the Stone Age dans sa meilleure version. Le line-up laisse rêveur puisqu'en plus de Josh Homme en frontman charismatique, on a Mark Lanegan en renfort au chant et surtout Nick Oliveri, à la basse qui retrouve son compère de Kyuss. Et comment oublier Dave Grohl à la batterie dont la frappe est tout de suite remarqué et remarquable ?

L'album dépasse donc les cadres du stoner-rock. On lorgne vers le hard, vers le métal, le heavy, le grunge et carrément vers le punk. Il faut dire qu'Oliveri a la bonne idée d'ajouter toute sa folie à l'album. Difficile de faire un début plus agressif que You Think I Ain't Worth a Dollar, But I Feel Like a Millionaire. Difficile aussi de mieux démarrer un album aussi grandiose. Six Shooter montre bien cette folie totale, ce titre là étant seulement barge, pas aussi agressif et surtout ultra court.
Cependant pour ne pas dire qu'Oliveri n'est qu'un dingue qui pète tout, mais qu'il est bien un Paul McCartney pour ce Lenon qu'est Homme, il est important de souligner qu'Another Love Song est chanté par lui. Un très beau titre qui sonne parfaitement QOTSA malgré un type très différent, on reconnait immédiatement la patte.

Il faut dire que le génie des Queens of the Stone Age réside dans le fait de ne pas avoir un seul chanteur ou un seul compositeur. La quasi-totalité est composé par le duo Oliveri/Homme, réalisant une des meilleurs collaboration de compositeurs depuis les Beatles (je me répète). Et en bon Harrison-bis, Mark Lenegan ajoute aussi sa petite composition avec A Song for the Dead et A Song for the Deaf, sachant qu'il chante la première, y apportant une teinte à la fois profondément sombre et en même temps très sensuel. A Song for the Dead fait parti de ces disques qui respirent le désert et en même temps sonne clairement comme une ode sexuelle.
Le désert est d'ailleurs un concept au centre de l'album. Homme a tenu à ce que l'album soit entrecoupé de passages radios, des vieilles émissions qui nous parlent. Comme si nous étions dans une voiture perdue dans le désert californien. Le concept est pour le moins personnel et malgré mon affection pour le groupe, je ne parviens pas à rentrer dedans. Ca sera pour une prochaine fois.

L'album est rempli de morceaux qui respirent la patte Homme/Oliveri. Ce mélange si particulier qui sonne "Queens of the Stone Age", cette alchimie unique, immédiatement reconnaissable. First it Givet, Gonna Leave you (avec Oliveri au chant), Go with the Flow, Do it again, God in the Radio, tant de titres qui sonnent parfaitement avec ce son si spéciale.
A la fois totalement franchement pop, mais sans jamais renier le côté rock, un rock brute, à fond, claire. L'essence du rock, avec une pointe de grunge dans des titres portés par des airs pop.
On peut d'ailleurs s'étonner que le superbe titre No one knows qui tient l'album n'a pas été composé par ce duo mais par Homme & Lanegan. Le principal single de l'album au riff entêtant, faite attention, ce morceau est véritablement magique.
Plus atmosphérique, The Sky is Fallin' ne fait pas mentir son titre. Les refrains sont en effet plus agressifs, marquant l'idée de tomber, tandis que les couplets sont beaucoup plus aériens.
En piste bonus, Mosquito Song est remarquable de par son aspect mélancolique, très calme. C'est une très belle façon de terminer l'album. Sans compter la jolie reprise des Kinks qui conclut ce florilège de talent.


Horreur : Les Queens of the Stone Age nous ont offert un des plus beaux disques du rock. C'est à la fois totalement grandiose et en même temps très triste de savoir qu'on est face à un pic qui ne sera plus accessible. Ce disque touche le divin du bout des doigts. En grande partie grâce à l'expérience des musiciens, à la cohésion et surement au fait qu'avec Oliveri à ses cotés, Josh Homme donne le meilleur de lui-même.
mavhoc
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 2 nov. 2014

Critique lue 538 fois

1 j'aime

mavhoc

Écrit par

Critique lue 538 fois

1

D'autres avis sur Songs for the Deaf

Songs for the Deaf
khms
9

Road-Album

Le soleil brille d'un rouge sang, reflétant sa lumière sur tous les nuages qui peuplent le ciel. Il n'y a aucun bruit aux alentours, dans cet étrange désert au sable ôcre, quand soudain un pick-up...

Par

le 20 déc. 2011

36 j'aime

12

Songs for the Deaf
Psychomantis
10

Songs To Listen 'Till You're Deaf

3ème album du groupe de Josh Homme, et sommet de leurs carrière, rien que ça. Et pourtant, ils avaient déjà frappé fort avec leur Rated R, nous donnant des chansons tantôt inquiétantes, fascinantes,...

le 24 juil. 2013

20 j'aime

3

Songs for the Deaf
Isaak
10

Chauffe, Marcel !

Un extrait de radio qui baragouine dans son coin, une bagnole qui démarre en trombe & la grande virée désertique Californienne se met en route. Typiquement Songs for the Deaf est un album...

le 3 août 2015

14 j'aime

14

Du même critique

Monty Python - Sacré Graal !
mavhoc
3

J'ai presque honte de ne pas aimer

Ce que je vais dire va surement sembler un peu bête, mais globalement je chie sur les critiques contemporaines professionnelles. Mon respect va aux avis des membres actifs du milieu du cinéma, ainsi...

le 23 mai 2014

75 j'aime

13

Black Book
mavhoc
5

Public aveuglé

Salué par la critique Black Book nous montre l'amour de Paul Verhoeven pour les scénarios longs sans longueur et les œuvres dotées d'image marquante. L'esthétisme ultra-soignée du film qui est...

le 5 mars 2016

35 j'aime

9

The Crown
mavhoc
7

Anti-binge-watching

Curieuse série que The Crown. Curieuse puisqu'elle se concentre sur la vie d'Elizabeth II, c'est-à-dire La Reine du XXe siècle, mais une reine sans pouvoir. The Crown est une série qui s'oppose à...

le 24 avr. 2019

28 j'aime

2