Spirit Gatherer • Tribute to Don Cherry par xeres

Kahil El'Zabar's Ethnic Heritage Ensemble Ft Dwight Trible & David Ornette Cherry – Spirit Gatherer • Tribute To Don Cherry (2023)

Ça c’est du lourd, ça me paraît impossible qu’il ne finisse pas dans mon top cinq de l’année, celui-ci. Le trio augmenté de l’Ethnic Heritage Ensemble de Kahil El’Zabar qui se livre à un hommage à propos de Don Cherry, en revisitant quelques étapes décisives de cette musique qui nous rassemble, plus d’une heure seize de partage qui réunit nostalgie et amour de la musique, c’est à la fois risqué et ambitieux, mais Kahil ne s’embarrasse pas et joue simplement, comme il a toujours fait, avec sobriété et mesure.

Je commence par les invités et donc David Ornette Cherry, fils de Don, qui joue du piano, du mélodica et du douss’n gouni, un instrument à cordes africain dont jouait Don Cherry. Alors que David Ornette sortait d’un concert qu’il avait donné avec l’Ethnic Heritage Ensemble, le vingt novembre deux mille vingt-deux, au « Barbican Centre » en hommage à son père, il décéda d’une crise d’asthme, nous l’écouterons donc avec une émotion particulière au fil de cet album.

L’autre invité, bien solide lui, c’est Dwight Trible qui chante ici de temps en temps, avec son style si personnel et si reconnaissable. Kahil le leader est fidèle au poste, maître percussionniste il nous épate encore et élargit encore son champ d’investigation en jouant du balafon et du kalimba, je le répète à chaque fois : le fameux piano à pouces.

Corey Wilkes joue de la trompette, des « spirit bowls » et autres percussions, il fréquente Kahil depuis deux mille sept, Alex Harding au saxophone baryton marque une arrivée beaucoup plus récente.

Le répertoire est également intéressant et significatif. La première pièce est un hommage à Don Cherry, dont le nom est psalmodié pendant l’interprétation, son nom est d’ailleurs également celui de la pièce. On passe ensuite à « Lonely Woman » d’Ornette Coleman, on se rappelle que Don Cherry y jouait du cornet sur « The Shape Of Jazz To Come » en l’année cinquante-neuf. Il était d’ailleurs l’un des pères historiques du free aux Côtés d’Ornette Coleman.

Il y a également ce « Sketches of A Love Supreme » si émouvant, qui ramène John Coltrane à nos côtés. Et puis aussi le magnifique « The Opening » qui colle au blues de Kahil, tellement si fort qu’il bouleverse, avec cette fracassante puissance de la simplicité, qui dit tant avec peu de moyen et beaucoup de silence : la poignante énergie du gigantesque piano à pouces…

Il faudrait également parler de la reprise de « Well You Needn’t » de Thelonious Monk ou d’ « Harvest Time » de Pharoah Sanders avec Dwight Trible au chant, et bien sûr de « Degi-Degi » de Don Cherry, sans compter avec la dernière pièce, « Spirit Gatherer » qui donne son titre à l’album.

Hélas très cher en version vinyle…

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le 29 juil. 2023

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