Impressionnant de maitrise

Avant de commencer cette critique, arrêtons nous 5 minutes sur le fait que Julien Baker vient de fêter ses 22 ans et qu'elle fait des tournées depuis qu'elle en a 15. Voilà, moi aussi je complexe maintenant.

Bon. Donc Julien Baker, quand on m'en a parlé la première fois j'ai eu que de vagues notions : "elle fait de l'emo avec une guitare acoustique", "C'est ton devoir de l'écouter" et "Tu vas avoir une révélation". Je confirme totalement ce dernier point : Julien Baker est une artiste atypique et à la fois un vrai reflet de sa génération. Elle est du sud des Etats-Unis (Memphis), catholique, lesbienne et est fan de Paramore et d'un tas d'autres groupes pop punk/emo tout en étant aussi fan de Death Cab for Cutie et en n'utilisant un instrumentarium très dépouillé : une guitare électrique et un piano sur certains titres (dont l'excellent "Go home").

Cet album, c'est un album de survivante malgré son jeune âge. Un album de blessures et de rédemption (qui pour elle est divine, clairement énoncé dans la chanson "Rejoice"), de rupture, de doute de soi ("Something" m'arrache toujours le coeur, ainsi que "Good news" où elle affirme "I ruin everything I think could be good news"). Il n'est pas forcément facile à appréhender au prime abord et au final, plus on l'écoute, plus il va nous toucher au plus profond de nous-même. C'est à dire qu'elle réussit une assez grosse prouesse, celle d'être en phase avec ses émotions et d'effectuer une catharsis à travers cet album (on peut voir souvent des photos d'elle avec un t-shirt "Sad songs make me feel better" et c'est tout à fait ça). Elle fait preuve d'une honnêteté, d'une authenticité que j'ai très rarement vue à ce point en musique.

Cet album est extrêmement dépouillé et c'est sans doute pour cela qu'il fonctionne aussi bien : la voix de Baker est à la fois maitrisée et sans cesse sur le fil du rasoir, l'émotion palpable dans chaque note. Bref, elle est définitivement une artiste à suivre. Son 2e album, "Turn out the lights" le confirmera très probablement, en tout cas le premier single "Appointments", sur le thème de la santé mentale, en donne un aperçu d'ores et déjà excellent, reprenant la recette du premier album avec une production plus aboutie.