Le son West Coast remis au goût du jour

"Still Brazy" contient certainement l'une des meilleures introductions de l'année, et globalement l'une des plus percutantes que j'ai jamais entendu sur un album hip-hop.

"Don't Come To LA" est un bijou de sonorités West Coast, un morceau ultra immersif qui fleure bon la noirceur de Compton. Le ton est donné pour le reste de l'opus avec un son très efficace, très californien, mais qui réussit à sortir le G-Funk de sa désuétude sans faute de goût. L'influence musicale que les Dre, les Snoop et les NWA ont pu avoir sur YG est plus que palpable et c'est un bonheur de distinguer toutes ces références old school très bien maîtrisées.

Globalement, le reste de l'album est sucré-salé. Entre un Los Angeles ensoleillé et les rues sombres où s'entretuent les Bloods et les Crips, on se perd un peu dans les intentions de l'artiste qui teinte de peindre le tableau d'une ville violente qui dissimule ses inégalités sociales grâce au rayonnement hollywoodien. YG réalise de bonnes performances au micro tout en souffrant parfois d'un léger manque d'inspiration au niveau des thématiques abordées. Ce qui est dommage, car il prouve qu'il est loin d'être mauvais en storytelling avec "Gimme Got Shot". On remarque aussi une évidente corrélation avec Kendrick Lamar dans la manière de jouer des interludes, des bruitages et d'une trame narrative pourtant bien moins développée que dans Good Kid M.A.A.D. City.

On distingue pêle-mêle des titres à la production terriblement léchée, comme "Don't Come to LA", "Twist My Fingaz" (prod par Terrace Martin, ce génie qui officiait sur To Pimp A Butterfly), des moments d'introspection bienvenus avec "Who Shot Me ?", "Still Brazy", des récits bien menés comme sur "Gimme Got Shot", "She Wish She Was" ou "Bool, Balm and Bollective" ou encore des textes plus engagés, comportant de véritables prises de risque, et qui forment la trilogie finale de l'album : "FDT", "Blacks and Browns" et "Police Get Away Wit Murder".

Toutefois, si la première partie du CD est surprenante et nous emmène virtuellement tout droit au milieu d'un boulevard de LA, on finit par se lasser de certaines production trop uniformes qui tirent légèrement l'opus vers le bas. Le célébrissime "Why You Always Hatin'" fait pour moi figure d'OVNI et me laisse de marbre (et pourtant, qu'est-ce que ce refrain rentre facilement en tête, c'est un cauchemar...). Si "Still Brazy" n'aura pas réussi à me tenir en haleine durant les 17 pistes qui le composent, il est cependant l'une des plus belles réussites de 2016, à n'en pas douter.