Un album surnaturel en longueur et non en qualité

Le titre pourrait résumer à lui seul l'avis sur cet album. Pour le bonheur de vos oreilles 2H de Rohff vous attendent ! Est ce pourtant une bonne nouvelle ? Cette critique sera à la hauteur de la déception que peut engendrer l'écoute de ce projet.

J'ai toujours trouvé les choix de Rohff notamment en terme de mélodie très contestables et parfois totalement hasardeux ce qui a donné lieu à des morceaux "poubelles" dans des albums d'une grande qualité. Cependant, le PDRG auto proclamé arrivait toujours à compenser ses faiblesses par de grands classiques et des albums qui resteront incontestablement dans l'histoire du rap français

Cependant, force est de reconnaître que depuis le code de l'horreur en 2008, il ne nous a pas gâté en terme de qualité sauf "Dounia" sur PDRG, le reste de l'album pouvant aisément être passé sous silence. Cela fait cependant 10 ans que Rohff semble être sur une perte d'inspiration croissante qui ne cesse de frapper à nos chers et tendres oreilles à chaque projet que celui-ci sort. Si les chiffres de vente restent correct, l'artiste peut remercier sa fan base fidèle depuis de nombreuses années dont j'ai pu en faire partie mais il semblerait que cet album soit la goutte qui fasse déborder le vase.

Il faut l'avouer, j'ai survolé cet album, les 30 titres ne poussent pas à s'investir totalement dans le projet, d'autant qu'on pourrait le qualifier de mixtape tant le contenu est totalement éparse et manque de cohérence.

Soulignons néanmoins la difficulté de tenir une cohérence sur la durée quand votre album a la consistance du moins en temps d'écoute de 3 cd, pour la qualité on repassera.

Si ROH2F confiait il y a peu en interview qu'il avait songé à arrêter la musique n'étant plus impliqué et démoralisé face au déferlement de "critiques à son égard', cela s'en ressent fortement à l'écoute de ces 30 titres fades et manquant cruellement de cette consistance dont Rohff est capable d'apporter à ses morceaux.

Sur les morceaux, on ne comprend pas toujours les paroles, tant il mange les mots, la qualité lyrique est contestable tant on sait qu'il est capable de mieux. Malheureusement, concernant la qualité instrumentale de ses morceaux, on revient sur un problème constant depuis de nombreuses années, puis le problème est qu'en 30 morceaux, on a l'impression d'entendre 4-5 fois la même chanson.

Le feat avec Niro est néanmoins carré, enfin du côté de Niro qui est fidèle à lui même. C'est d'ailleurs ce qui est rageant sur ce projet, on voit des bribes de ce dont est capable Rohff, tout n'est pas fondamentalement mauvais mais on ne peut rien extirper de ce projet tant tout est noyé dans une masse informe de titres s’enchaînant les uns les autres sans aucune cohérence.

Concernant Testament II, le titre censé succéder au mythique Testament sur le code de l'horreur sorti en 2008, triste échec. C'est pourtant le meilleur morceau de l'album mais le message ne passe plus, les actes ne sont plus en accord avec le discours qu'il prône. Comment critiquer la superficialité quand on se vend soit même de cette façon. Ce morceau met en lumière le manque de clarté dans l'esprit de Rohff et la très haute estime qu'il a de lui même.

Un artiste peut se targuer d'avoir de bons chiffres de ventes pour répondre aux critiques concernant la qualité dégressive de sa musique, ces chiffres ne justifieront jamais un contenu limite, il aurait même été préférable qu'il connaisse un vrai flop commercial sur ses dix dernières années pour réaliser et ouvrir les yeux sur la réalité du contenu qu'il offre (inflige) à ses auditeurs.

Si Rohff semble être resté dans le passé et montre à travers ce LONG album sa difficulté à s'adapter et se renouveler dans un univers musical en constante évolution, le choix de mettre 30 chansons semble tout a fait dans l'air du temps pour faire du chiffre streaming afin de doper ses ventes.

Cet album pourrait donc se résumer simplement par de la quantité au détriment d'une substantielle qualité. J'étais prêt à excuser le Rohff Game parce qu'on avait vendu le projet comme une mixtape mais là c'en est trop, 10 ans de disette artistique, je lâche personnellement l'affaire.