Quatre années d'attente, voilà le temps qu'il aura fallu à Jason Pierce (ou J. Spaceman) et sa bande pour nous sortir le successeur de Songs in A&E. Quatre années de dérives personnelles, de doutes, de tergiversations, d'efforts, de sueur et enfin d'éclat. Après vous avoir longuement parlé de l'excellent album Ladies and Gentleman We are floating in Space et avoir évoqué le single Hey Jane, il est donc venu le temps du grand retour du groupe Spiritualized. C'est avec l'album Sweet Heart, Sweet Light que nous le retrouvons avec un grand bonheur.

Quand certains artistes sortent un single imparable et se contentent de faire du remplissage pour sortir un CD, Jason Pierce prend le chemin inverse. Cet éternel insatisfait éprouve toutes les peines du monde à considérer son album comme fini. Repoussant sans cesse la sortie du disque, passant une année complète au mixage, il retourne encore et encore ses compositions dans tous les sens. Adepte, comme Sufjan Stevens, des arrangements riches (voire très riches), il peaufine donc chaque morceau pour leur donner la puissance voulue mais sans tomber dans l'excès d'orchestration. Jason Pierce, ce grand mélancolique se trouve donc en plein trouble durant l'enregistrement d'un album.

Ce trouble, on le retrouve également dans le clip tiré du très bon single Hey Jane, un clip particulièrement réussi, assez perturbant malgré tout, avec un plan-séquence final en guise de coup de poing dans la gueule.

Comme souvent chez Spiritualized, l'orchestration ambitieuse rassemble violons, choeurs et cuivres dans un mouvement de grandiloquence maîtrisée. Et comme souvent aussi, les textes sont d'un désenchantement cru. Entendre "Sometimes I wish that I was dead Cause only the living can feel the pain" (soit pour traduire : "Des fois je rêve d'être mort car seuls les vivants souffrent") dès le deuxième morceau Little Girl (ou plutôt le troisième car nous avons le droit à une courte introduction) pose directement le ton de l'album. Cette belle ballade est suivie par un Get What You Deserve à l'ambiance orientale/hindou hallucinatoire et assumée. L'écart entre ces deux morceaux est grand mais les titres s'enchaînent et prennent les minutes nécessaires pour poser une ambiance (la moitié des morceaux font 6 minutes ou plus).

Les 8 minutes et demi de Headin' For The Top Now sont ainsi le point culminant de l'album, les guitares saturent, les voix enfantines s'affirment ("Don't let the damage show"), la montée en régime est complète. La cassure avec Freedom, le morceau suivant, étant par conséquent surprenante et révélatrice du talent de J. Spaceman. Le folk y fait une apparition remarquée et permet de montrer, sous des contours classiques, la variété du monsieur.

Autre grosse réussite du CD et qui possède de gros relents de Ladies and Gentlemen we are floating in Space, le titre "Je suis qui je suis" (I Am What I Am). Cette affirmation nous est clamée par le chanteur tandis que les voix gospelisantes assurent un peps particulier à l'ensemble.

L'album déroule ses 3 ritournelles finales : Mary et sa conclusion saxo-violons, Life Is a Problem au nom évoquateur et So Long You Pretty Thing, une ballade qu'il enregistre avec sa fille de 11 ans. En constante de Spiritualized, le rapport au religieux (Jésus est souvent cité) est particulièrement mis en évidence dans les 2 derniers titres.

Avec Spiritualized, on sait immédiatement vers quel chemin l'on se dirige, celui de la grande et belle orchestration, celui des belles mélodies, celui des textes touchants. Jason Pierce accomplit une nouvelle fois un sans fautes et nous pond un grand disque. Que dire à part : merci !
alfextra
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le 1 mai 2012

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