Bon, je me souviens avoir dit que je rêvais d’une collaboration Zimmer-Williams, mais là, il y a eu méprise ^^ 2eme opus de la nouvelle saga Spider-Man, connue sous le nom de The Amazing Spider-Man. Et oui, comme à l’habitude Hans Zimmer compose en collaboration (il l’a déjà fait avec Gerrard, Powell, JNH, ...), avec non pas 1, mais 6 personnes, un groupe modestement appelé « The Magnificient Six ». Bon, l’enjeu était de faire mieux que James Horner, ce qui n’était pas un gros exploit en soi, mais ce qui agace un peu, c’est de voir que la Bo tient pas mal du service minimum : à comparaison égale, on lui aurait demandé de courir plus de 100 m, il en aurait fait 101 ...


Déjà, les apports du Magnificient Six (oui, entre amazing and magnificient, on a sorti les superlatifs) sont évidents pour tout ce qui est instrumental ; dès l’apparition des logos, des cordes frottées dynamiques type guitare électrique font leurs apparitions accompagnées de percussions électroniques, ce qui annonce la couleur : ce film de super-héros va être djeuns.


« I Chose You » est un exemple soft, mais révélateur de la tendance à transformer la Bo pour la rendre écoutable par des ados cantonnés à la pop, à l’image du thème d’Electro, où les 7 compagnons choisirent de retranscrire ça en musique avec ... de l’electro. ... Bon, soit ... disons que c’est pas moins logique que le scénario du film.
Comme vous me sentez pessimistes (mais si), autant commencer par lister les points forts de cette Bo : le nouveau motif de Spider-Man, ... voilà. Oui, c’est tout. Mais on y reviendra.


On retrouve ce qui caractérise Zimmer d’une part (les mêmes notes au trombone/vuvuzela dans « I Need To Know » que dans « Time » d’Inception, c’est magnifique), et d’autre part la musique d’aujourd’hui, à savoir l’agression sonore. Bon, je sais, je suis pas très objectif sur ce dernier point, et j’avoue ne pas y connaître grand-chose en la matière, mais c’est pas tellement l’utilisation d’electro qui me dérange, c’est principalement ses deux conséquences néfastes. La première, c’est son utilisation qui n’est pas toujours au top : « My Enemy » comme « Still Crazy », sont de beaux exemples regroupant le pire, et le meilleur. Dès fois, ça déroule bien, c’est original, et intéressant à suivre, et puis soudainement, c’est la fête du slip. Ecoutez-les, et vous ferez facilement la différence entre les parties maîtrisées et bien menées, et les parties arrangées avec les moufles (ou que vous avez déjà entendu 500 fois, au choix).


La deuxième, c’est qu’il est dommage de voir une Bo de cette envergure tant s’adapter aux goûts musicaux des jeunes d’aujourd’hui : maintenant, plus besoin d’aller sur NRJ12 pour entendre de l’electro, allez directement au cinéma ... C’est dommage de gâcher un tel potentiel en matière de création au profit d’un racolage assumé, qui utilise des codes musicaux déjà surexploités ... La scène criante de vérité, c’est la ballade d’Harry et Peter qui parlent mannequins et top-models, callée au rythme de guitare électrique et de lourdes pulsations dont les ados raffolent ... Raah, changer à ce point l’interprétation d’une scène, ça fait poser des questions (d’accord on part pas avec un chef-d’œuvre, mais quand même !). C’est une utilisation vraiment fréquente et appuyée d’une musique calibrée pour ados, durant tout le film à des moments où on aurait vraiment pu s’en passer : les tests de Peter sur les batteries, sans parler des chansons lors du rendez-vous avec Gwenn, lorsqu’il redécore sa chambre, ... J’ai peur qu’avec l’influence de Zimmer, cela entre parmi les codes insupportables du cinéma ... Un peu comme le piano soliste/moisi des séquences émotionnelles dans les séries (et 90% des grosses productions hollywoodiennes d’aujourd’hui, y compris ce film, rassurez-vous).


Ce que vous entendrez d’orchestral dans cette Bo, vous jurerez l’avoir déjà entendu ailleurs, même pour les morceaux réussis : la séquence de cordes dans « I Need To Know » vous rappellera « My Name Is Lincoln » de The Island, « You’re That Spider Guy » avec « Davy Jones », ... bien sûr, je sais qu’on peut trouver des références dans toutes les musiques, si on veut ; mais là, ici, je trouve ça curieusement assez facile, en fait.


Passons aux thèmes : déjà, on pratique la technique du table-rase, c’est-à-dire ne reprendre aucun thème composé pour l’opus précédent. Ah ok, carrément ... Alors c’est normal quand on entame une nouvelle trilogie sur un ton complètement différent comme Batman (et à la limite Superman), mais là ?! C’est le 2eme film d’une trilogie ! D’où il y a rupture ? A part niquer la cohérence, je vois pas trop l’utilité ! Horner n’avait pas laissé 300 motifs, ok, mais il y en avait bien quelques-uns qu’il aurait pu réorchestrer ou magnifier de son talent !


Bon, reconnaissons au moins un avantage, c’est que le nouveau motif de Spider-Man est une tuerie. Oui, ce motif est épique, ce clairon accompagne à la perfection notre héros pendant les séquences Tarzan d’ouverture ... par contre, j’ai juste l’impression qu’il manque l’orchestre, derrière. Il n’y a pas de leitmotiv remarquable à relever dans le fi... ah si, un ! Vous savez à quel instrument ? Au piano ... Au piano !!! Argg ! Même Zimmer est touché par la pianite aigüe ! (oui, finalement, j’ai inventé un nom de maladie, pour que tout le monde puisse déposer ses dons aux compositeurs défavorisés en manque d’inspiration, et éventuellement signer la pétition anti-piano-automatique-pour-scènes-clichées pour que les producteurs arrêtent de leur casser les couilles avec ça !! Et les nôtres !). Dès que Peter se met à dévoiler ses sentiments, bam, c’est inévitable. D’ailleurs, vous avez remarqué, je dis bien le motif et pas le thème, parce dans le thème, il n’y a que le motif au clairon : si vous voulez un vrai thème, retournez voir le Superman de John Williams, parce qu’ici, visiblement, on s’en fout.


Putain, on se doutait que Zimmer ne faisait pas vraiment preuve de perfectionnisme ces derniers temps, mais là, c’est un peu raide.


Le thème du Bouffon Vert, c’est ... euh, un glissando descendant, et ... oui, c’est tout. C’est une trouvaille, qui est encore plus mince qu’un intervalle, c’est un ornement ! Juste l’ornement fait le thème ! Wow, mais c’est du minimalisme mélodique ! Reconnaissons au moins qu’il colle bien au personnage, puisque son charisme est inexistant. Il est tout de même bien valorisé dans « Sum Total », mais dans « I’m Goblin », la musique est loin de sublimer la séquence de duel. Mieux travaillé, il ferait un excellent thème alternatif du Joker (dont l'original est basé sur le même principeetohmondieucommec’estbizarre).


Quant au personnage d’Electro, c’est accompagné de percussions tonitruantes que lui et Systevitch passent à l’action (mais si, le voleur du début, qui possède aussi son motif, juste une montée de notes graves à la Davy Jones, audible à la fin de « You’re That Spider Guy »). À souligner une bonne idée, celle d’avoir inséré la voix de Pharell Williams en arrière-plan de « My Enemy », qui donnent un petit côté mystique au personnage. Niveau puissance du texte, c’est pas trop ça, mais l’effet est là, il y a un effort. Il fallait bien laisser tomber la clarinette et le petit motif tout mignon et inoffensif de Maxwell Dylon (un autre exemple de minimalisme mélodique). Mais ce dernier survit encore quelque temps grâce à des leitmotivs sympathiques aux cordes, jusqu'à son point de non-retour (l’aspect naturel et candide de la musique laisse sa place peu avant sa transformation à des sonorités beaucoup plus sèches, ainsi qu'aux percussions plus abruptes). L'une des seules jolies interprétations de cette Bo.


Bref, c’est assez décevant, et inquiétant dans le sens où les priorités de Zimmer semblent changer au détriment de la qualité et de la cohérence. Il ne remonte pas le niveau du film, mais s’adapte exactement à ce qu’il veut être : ce n’est pas une cohérence scénaristique ou émotionnelle qui est recherchée, juste une cohérence image-musique au niveau du ton donné, voulu par les producteurs ... les apports du Magnificent Six sont plus que limités, et l’utilisation de musique electro fait preuve d’une pertinence vraiment inégale et discutable. C’est mieux quand il compose seul, en fait. Et quand c’est un bon film, aussi, ça aide, mais c’est loin d’être une excuse suffisante (souvenez-vous d’Eragon, de King Arthur, de Pearl Harbor, de l’Homme au Masque de Fer !). A noter le petit hommage en début de film, lorsque Peter entend sa sonnerie de téléphone avant de décrocher : ce n’est ni plus ni moins que le tout premier thème de Spider-Man, directement tiré du dessin animé des années 60 (là où d’autres ne verront que Speeder Cochon), ce qui au moins permet de relativiser, car on aurait pu avoir ça comme thème principal ... Aaah !!

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le 23 nov. 2014

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