Interminable, c'est le mot que j'ai envie d'employer quand je repense à toutes ces années passées sans Ronnie Radke dans le paysage musical. Après « Dying is Your Latest Fashion » (2006) avec Escape the Fate le bougre s'est fourré dans de beaux draps : drogue, impliqué dans une histoire de meurtre etc.. C'est donc après trois ans à l'ombre et après avoir constaté la déchéance de son ancien groupe qu'il revient en force comme en temps que frontman de Falling in Reverse (précédemment From Behind These Walls mais le nom était peut être un peu trop significatif et moralisateur pour un ex-taulard). Le groupe avait sorti deux sons avant que Ronnie ne purge sa peine : « Listen Up » et « the Departure » ; deux bons morceaux que je regrette de ne pas voir figurer sur cet album. Un traditionnel « I'm back » dans une vidéo teaser de l'opus annonçait le retour d'un des leaders vocaux les plus charismatique de sa génération, avec toujours plus de tattoos, toujours plus d'eye-liner mais sevré de substances illicites. Le projet annoncé devait être colossal : un album en deux cd's ; une partie pop/punk/punchy (à l'image de « Listen Up ») et une autre plus trash, plus death et plus « core ». Probablement pressé de revenir sur les scènes ce projet n'aboutira pas, mais dans un futur plus ou moins proche pourquoi pas. Début juin sort « Raised by Wolves » qui scotch littéralement la toile, qui envoie du rêve et qui bien évidemment ne déçois pas. Début juillet sort le clip de « the Drug in Me is You », le titre éponyme, un morceau intéressant mais un peu mou et moins pugnace que le premier extrait. Maintenant que l'intégrale est disponible, il est temps pour moi de me plonger et de répondre à LA question que se pose énormément de fans : Escape the Fate 2 ou pas ?

Je vais décomposer l'album en quatre parties, ce qui correspondra aux différents types de morceaux qui jalonneront ces onze pistes. Les deux premières tracks sont là pour nous remettre à « l'heure Radke ». En effet « Raised by Wolves » est une perle screamo, mêlant violence, lyrics et combo clean/scream. La phrase « This War IS MINE » est celle qui retenti le plus sur ce morceau, elle fait bien entendu référence au second album d'Escape the Fate intitulé « This War is Ours ». La vengeance ne fait que commencer pour Ronnie, même si – pour ma part – « Raised by Wolves » est meilleur que presque toutes les pistes d'ETF sous l'ère Craig Mabbitt. La seconde piste est une vaste blague, « Tragic Magic » n'a aucun intérêt artistique, elle est juste là pour que Ronnie se purge de ce sentiment de trahison d'ETF et plus particulièrement de Max Green (bassiste et co-fondateur avec Ronnie) et Craig. Regardez par vous même les lyrics du deuxième couplet :



I dug a hole

10 miles wide

So I could throw all of you inside

You're such a dumbfuck

You need to shut up

You bring a picture of me everytime you get a haircut

Imposter!



Soit : j'ai creusé un trou de 10 miles de large (« 10 Miles Wide » étant une chanson d'ETF sur l'album « This War is Ours »), pour tous vous y jeter dedans. Tu n'es qu'un pauvre type. Tu ferais mieux de la fermer. Tu amènes une photo de moi à chaque fois que tu vas chez le coiffeur. Imposteur !

Ca c'était pour la décompression, le « vrai » album peut commencer. On peut dire que finalement le projet pop/hardcore a été réalisé mais à l'intérieur de la même galette. Disséquons les morceaux plutôt punk qui sont au nombre de cinq. On commence avec « the Drug in Me is You », le single qui vendra l'album. Le morceau est globalement bon, moins intense que le premier extrait mais il reste bien écrit avec des phrases qui resteront, je pense notamment à « I felt the darkness as it tried to pull me down » ou encore « Don't fail me now ». toutes ces petites choses faciles à retenir qui font que le choix de ce titre pour le premier clip est plus que judicieux, il est festif (pas dans les paroles évidemment) et il apporte du punch en ce début d'album. S'ensuit trois autres morceaux pop et punk, « I'm not a Vampire », qui est l'une des meilleures de l'album avec une intelligence d'écriture notable ; ou encore des phrases qui font sourire « Hi my name is Ronnie I'm an addict, Daddy should have never raised me on Black Sabbath ». Les deux suivants sont portés sur le sujet préféré de Radke : les filles. « Good Girls Bad Guys » est gentillette, est meuble un peu mais sans plus, quand à « Pick up the Phone » elle donne l'occasion à Ronnie de nous étaler ses talents de vocaliste puisque l'on assiste véritablement à une démonstration de rapidité de diction par moment. Impressionnant. Les textes sont toujours bien écrit même si ils ne racontent pas toujours des choses fondamentalement intéressantes, j'éclate tout de même de rire en entendant la voix de messagerie automatique lâcher un gros « Fuck You » dans les dernières secondes du morceau. Quelques screams parsèment la chanson en lui donnant un côté moins pop et plus punk hardcore. Le refrain est l'un des points forts, comme souvent dans l'opus. Le dernier morceau de cette catégorie se trouve deux pistes plus loin et c'est une véritable déclaration de guerre à un de ses amis, j'aurai tendance à penser qu'il s'agit de Max Green mais comme je n'ai aucune preuve je vais rester mesuré. Musicalement le morceau est comme « Tragic Magic » : hors sujet, en fait il me fait penser à « Little Piece of Heaven » de A7X mais en moins réussi. C'est plus au niveau des lyrics qu'il faut se diriger pour trouver quelque chose d'intéressant, assez déprimant, très intimiste et qui – pour ma part – doit s'adresser à quelqu'un en particulier. Une nouvelle fois c'est le refrain qui sauve le morceau, ainsi que le passage piano en fin de morceau.

La troisième catégorie regroupe les trois morceaux de post-hardcore/metalcore présent ici. « Don't Mess with Ouija Boards »d'abord qui éclate littéralement la tête, avec un scream puissant et un refrain sous forme de bridge très très émotionnel et magnifiquement réussi, une vraie perle qui me donne des frissons. Le grain de voix de Ronnie se colle parfaitement à ce genre de mélodie et les parties en scream sont destructrices et profondément métal, c'est à se demander si c'est bel et bien le même groupe qui a fait ce morceau et « Good Girls Bad Guys ». C'est LE morceau de l'album. « Sink or Swim »s'installe ensuite dans l'atmosphère. Elle se concentre quant à elle sur de gros breaks et une ligne directrice sur les paroles un peu plus sérieuse (dieu, diable, religion etc..). Il est assez long, d'ailleurs les morceaux hardcore font pratiquement tous cinq minutes dans l'album. C'est peut-être celle des trois que j'aime le moins mais elle relève tout de même le niveau globale de l'album grâce à un style que je pensais ne jamais retrouver. « Goodbye Graceful » c'est un peu l'apocalypse avant la rédemption, très violente et extrêmement pugnace, elle alterne parfaitement two steps et breaks sur les screams et mélodies plus post-hardcore pour les cleans.

Le dernier morceau constituera la dernière catégorie, « the Westerner » aurait pu s'appeler Story of Ronnie puisque c'est finalement ni plus ni moins qu'une autobiographie. Une belle manière de finir cet album de la rédemption et pour en finir avec son retour. Finalement ce premier opus a probablement été un peu bâclé, trop pressé de revenir et de régler vite fait bien fait ses comptes. Ne pas confondre vitesse et précipitation disent-ils. Le côté glam metal est lui bel et bien présent, son grain de voix magique est resté le même mais à trop vouloir en faire on oublie l'essentiel. Beaucoup de solos impressionnants sont présent mais ils ne servent pas à grand chose, lui qui nous disait que son guitariste était du calibre des Gates, il lui faudra peut-être un peu plus de maturité (le niveau lui est indubitablement là). Un album correct, avec des très bons morceaux et des moins bons, le prochain sera probablement meilleur.
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le 27 déc. 2011

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