Avis

Ne prenez pas la présence de Jay-Z et de Beyoncé sur le quatrième album d'Alicia Keys comme une preuve que la chanteuse/compositrice s'enfonce dans le R&B moderne - prenez-la plutôt comme une preuve de la rareté des fréquentations de Keys, son statut de superstar étant si solide que les seules apparitions possibles sont celles de l'élite du R&B/hip-hop. Les superstars ont souvent la possibilité de faire tout ce qu'elles veulent, et c'est le cas sur The Element of Freedom, où Keys réduit l'expansion extérieure de As I Am et se tourne vers l'intérieur, créant une collection propre et à petite échelle de ballades et de pop inspirée par Prince. Toujours apparente sur les albums d'Alicia, l'influence de Prince est soulignée par la façon dont elle a troqué l'instrumentation rétro-soul de ses premiers albums pour l'électronique, mais elle a conservé la chaleur, la sensibilité du passé et, surtout, un sens de la réserve, sans jamais devenir trop enthousiaste ou gauche. Cela signifie que les éléments Prince semblent plus NPG que Revolution, mais la marque de fabrique de Keys a toujours été une élégance facile. Sur The Element of Freedom, cette élégance est si facile qu'elle frise la somnolence, la sous-estimation de Keys atténuant les numéros plus vifs - dont le pétillant duo de Beyoncé "Put It in a Love Song" - pour les faire passer pour des ballades. Ce n'est pas tant une plainte qu'une caractéristique : sa voix peut craquer sur "Love Is My Disease", mais Keys ne devient jamais grincheuse, elle reste réservée, ne laissant jamais son chant ou ses arrangements obscurcir les mélodies ou le vernis de classe de l'ensemble. Tout ce détachement déterminé empêche The Element of Freedom d'avoir un punch primitif et passionné, mais il y a du charme dans la fraîcheur enveloppante et tranquille d'Alicia : elle ne transpire peut-être jamais, mais elle sait comment maintenir une ambiance sulfureuse, pas nécessairement sexy, et elle le fait ici avec beaucoup de charme.