Dans la longue litanie des compositeurs au mètre, Neal Morse fait aujourd’hui figure de référence tutélaire indiscutable. Il faut avouer qu’entre ses divers projets (Transatlantic, Flying Colors, Yellow Matter Custards), collaborations (Spock’s Beard) et une carrière solo prolixe partagée entre albums studio réguliers, enregistrements live et disques de culte, notre ami ne s’économise pas. De fait, quelques mois seulement après le délicat recueil acoustique Songs From November, le revoici en formation serrée, simplement baptisée The Neal Morse Band : un groupe solidement charpenté autour de l’indéboulonnable duo rythmique Mike Portnoy (16ème album en commun) et Randy George, le tout stratifié par le guitariste virtuose de Eric Gilette et le claviériste Bill Hubauer, tous deux déjà présents sur l’album Momentum (2012). De la bonne compagnie certifiée.

Pour leur première sortie officielle, The Neal Morse Band porte la volonté de son frontman à chercher une nouvelle formule magique. Ces dernières années, nous avions parfois plus de difficultés à entrevoir la lumière surgir de cette musique à multiples facettes. Même si le sens mélodique était là, d’une limpidité déconcertante, il manquait ce petit quelque chose qui pouvait porter des albums comme Lifeline (2008) ou Momentum (2012) sur les cimes de Question Mark (2005) ou Sola Scriptura (2007).

En travaillant à l’unisson et sans a-priori, comme avec Flying Colors, Neal Morse souhaitait donc se donner un nouvel élan, éviter l’auto-complaisance qu’il sentait poindre. Et malgré un format ultra classique, trois titres courts, un mi-long et une suite estampillée, il faut reconnaître que tout cela gagne du sautillant, du jovial, de l’entêtant, de la dynamique et une sacrée puissance de feu.

Évidemment, le style Neal Morse reste très présent. Ces sonorités pétries de Beatles, Genesis, Yes, Deep Purple, Styx et autres joyeusetés avec l’art et la manière de manier les twists irrésistibles en retombant systématiquement sur ses pieds (« The Call »). Le groupe tape même dans le rock heavy avec gourmandise (« The Grand Experiment »), joue la carte de la ballade acoustique (« Waterfall ») et n’évite même pas une pop légère forte en sucre (« Agenda »). Mais ce sont évidemment les 27 minutes (ou presque) de « Alive Again » qui attireront les oreilles. Un continuum prog rock à classer parmi les grands travaux du bonhomme.

Avec une belle production signée Rich Mouser, The Grand Experiment est un album qui ne réinvente pas totalement Neal Morse mais il lui offre une belle bouffée d’oxygène. Et pour peu qu’on s’égare dans la version Deluxe, le second CD propose encore de belles choses : deux inédits de grande qualité (« New Jerusalem », « Doomsday Destiny ») qui méritaient amplement leur place avec les voisins du dessus, une reprise extravagante et festive de Richard Harris (« MacArthur Park ») et deux extraits exaltés et exaltants du Morsefest (« The Creation », « Reunion »). De quoi rafraichir un musicien déjà passé au statut d’incontournable du genre.
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le 12 mars 2015

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