Parmi les disques qui me tiennent particulièrement à cœur se trouve la collaboration entre Elvis Costello et le Brodsky Quartet qui date de 1993-1994, à savoir le disque The Juliet Letters.

L’origine de ce disque conviendrait parfaitement à un livre à tiroirs, Elvis Costello lit un article qui parle d’un professeur de l’université de Vérone qui récupérait à la Poste locale les lettres qui étaient adressées à Juliet Capulet ou à Roméo Montaigu mais surtout qui prenait la peine de répondre à ces lettres. A partir de ce petit conte de la folie ordinaire, des gens qui écrivent à des personnages de fiction, un professeur qui s’est entiché de ces écrits , Costello décide de composer un album entier tournant autour de l’écrit, la lettre bien sûr mais aussi le graffiti, les déclarations d’amour, les notes de suicide, etc … Ecrits personnels et intimes donc musique de chambre. Costello contacte le Brodsky Quartet, spécialisé dans Chostakovitch, et les embarque dans cette aventure improbable, un album concept qui n’ose pas porter ce nom, quoique …

Pour moi le disque a une ambition humaine relativement proche de la vision de Balzac, mettre en scène toutes ces émotions, ces fabuleux ou misérables destins, cette magnifique comédie humaine dans laquelle nous jouons tant bien que mal notre rôle. De la disgrâce de Roméo aux graffiti injurieux, de la note de suicide au message de l’au-delà, Elvis Costello aborde tous les sujets avec un brio inconcevable. Sa voix si particulière en agaceront certains, les arrangements du Brodsky Quartet feront sauter au plafond les « vrais » mélomanes et finalement d’autres trouveront que l’ensemble a des airs de bouffonnerie d’opérette.

Oui mais voilà, tôt ou tard, ce disque là, un entre mille, je finis par le faire écouter tellement il m’est cher et précieux. Car je le trouve juste et touchant, sans doute parce que je suis encore une fleur bleue. Une vraie découverte pour certains, quelques déceptions aussi, tenez vous le pour dit, The Juliet Letters est une des plus belles bâtardises pop de chambre que j’ai le plaisir de connaître !

Highlights de l’album :

Romeo’s seance
Expert Rites
Dear sweet filthy world
For other eyes
Daniel_Romero
9
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le 24 mars 2013

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Daniel Romero

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