William Parker - The Peach Orchard


Encore un enregistrement exceptionnel qui arrive, « The Peach Orchard » par le contrebassiste William Parker et son groupe « In Order to Survive ». Un enregistrement classé sur la liste FJMt° et enregistré en 97/98 lors de quatre sessions différentes. Avec le temps le contrebassiste a pris une dimension et une épaisseur considérable, ce choix s’impose avec évidence, même si le coffret « Centering » avec ses enregistrements réalisés entre 76 et 87 aurait pu présenter une alternative crédible, mais l’œuvre est immense et les choix sont grands.


Voici la liste des musiciens participants à ce double Cd, William Parker et sa contrebasse bien sûr, Rob Brown au saxophone alto, Cooper-Moore au piano et Susie Ibarra à la batterie. On remarque également la présence de Assif Tsahar jouant de la clarinette basse sur "Posium Pendasem #3".


Souvent les grands enregistrements ont une âme, ils se saisissent de vous, sans que vous ne puissiez rien y faire, presque malgré vous… La sensation d’être « pris », attrapé, capté et embarqué par un solo qui vous happe et vous emmène au fond de vous-même, jusque dans l’intime, là où la porte est fermée, bouclée à double tour. Ça vous bouleverse un fois la crise de panique encaissée et vous acceptez « la chose » car au fond, c’est un peu ce que vous recherchez, perdre pied et laisser l’émotion vous gouverner, avec les conséquences que l’on devine, même s’il en coûte à votre dignité.


Pour finir je laisse la parole à William Parker, homme d’une grande foi, qui explique :


« La chanson titre, THE PEACH ORCHARD, puise son inspiration dans les événements qui se sont déroulés sur les terres Navaho dans ce qu'on appelle aujourd'hui le Nouveau-Mexique. Le grand chef navaho Manuelito et son peuple luttaient contre l'expulsion de leurs terres par l'armée américaine. De toutes les choses que les Navaho cultivaient, ils aimaient le plus leurs vergers de pêchers. À la fin de cette lutte, comme tous les Amérindiens, ils ont tout perdu, y compris leur précieux verger de pêchers qui a été détruit. En lisant cela, j'ai immédiatement ressenti une très profonde tristesse. Je ne peux qu'imaginer la tristesse qu'ils ont dû ressentir. C'était le début de la fin. Dans cette composition, vous pouvez entendre la couverture massive de l'Amérique par l'Europe ; vous pouvez également entendre la voix non seulement de Manuelito, mais de Nana, Geronimo, Wovoka, Sitting Bull, Kicking Bird, Kicking Bear et tous les autres. »


Un album-massue.


[j'écris ceci sans certitude n'ayant pas fait l'expérience par moi-même, mais certains disent que la réédition est supérieure à l'original pour la qualité du son, il n'est pourtant pas fait mention d'une rematerisation]

xeres
10
Écrit par

Créée

le 15 déc. 2022

Critique lue 7 fois

xeres

Écrit par

Critique lue 7 fois

Du même critique

Lanquidity
xeres
10

Un voyage dans le "Space-Jazz-Rock"...

Plus que tout autre, Sun Ra est une bibliothèque, il a parcouru, lu et écrit l'histoire du jazz, de l’intérieur, il a vécu les évolutions et participé aux révolutions. Membre actif de cette longue...

le 28 févr. 2016

27 j'aime

10

Bitches Brew
xeres
10

Critique de Bitches Brew par xeres

Ce qui frappe en premier lieu, c’est la beauté de la pochette créée par Mati Klarwein. On la devine symbolique, plus particulièrement quand elle s’offre déployée, pochette gatefold ouverte. On...

le 5 mars 2016

24 j'aime

9

Both Directions at Once: The Lost Album
xeres
10

Critique de Both Directions at Once: The Lost Album par xeres

« Il » est arrivé ce matin, bien protégé, sous cellophane, belle pochette avec deux triangles découpés laissant apercevoir la sous-pochette… Le vinyle avec le prestigieux macaron « Impulse »,...

le 2 juil. 2018

23 j'aime

7