The Perfect Storm (OST)
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The Perfect Storm (OST)

Bande-originale de James Horner (2000)

Inspiré de faits réels tragiques survenus en 1991 lorsqu'un chalutier sombra en plein océan Atlantique lors d'une tempête mémorable, The Perfect Storm est un film avec George Clooney et Mark Wahlberg qui fut un énorme succès lors de sa sortie en salle. Il s'agit du second film du réalisateur Wolfgang Petersen, ayant pour cadre l'océan après le sublime The Boat réalisé quelques années plus tôt.


Il s'agit également du second film pour James Horner ayant pour cadre l'océan, le premier étant bien évidemment Titanic de James Cameron. il s'agit d'un album d'une durée imposante (79 minutes) qui débute avec "Coming Home From the Sea", un titre qui pose les gallons de ce que sera tout l'album, une oeuvre orchestrale massive, magistrale, dense et extrêmement technique. On commence par les arpèges d'une guitare acoustique qui accompagne le long thème principal, tout d'abord au son des cors majestueux, puis repris par les instruments à cordes. On est en présence d'une musique grande, épique, pleine d'énergie, qui passe rapidement le relais à une musique plus sombre, puis de suspense. Mais il y a plus encore. Un riff de guitare électrique prend le relais pour introduire un superbe moment, accompagné de trompettes et de cors et emballé par des percussions qui accélèrent le tempo jusqu'au Main Theme, repris par les cordes dans toute leur gloire. Enfin, le second thème entre en piste, une mélodie "rise and fall", illustrant les vagues et ayant une qualité toute hypnotique qui s'en dégage. Horner joue ensuite les deux thème dans un parfait contrepoint. Dans ces près de 10 minutes, le compositeur en dit tellement, interprétant de façon organique et palpable tellement de choses qui se passent à l'écran tout en composant une musique qui réussit à la perfection à se libérer pour devenir un morceau de musique à part entière. C'est ce que Horner sait faire de mieux.


Avec ses 4 minutes, "The Fog’s Just Lifting…" est de loin le morceau le plus court de l'album. Il s'agit d'un arrangement plus émouvant du Main Theme. Il s'agit d'un titre vraiment superbe, où les cordes ont le premier rôle, mais laissent la place à la flute et la guitare sur la fin du morceau.
Dans "Let’s Go Boys" le thème de l'océan est exploré davantage. Interprété de façon véhémente dans la première partie, il apparaît sous une forme plus subtile dans la seconde moitié du titre. On retrouve de façon appuyée des similitudes avec le style de Aaron Copland (il est d'ailleurs à noter que le Main Theme ressemble parfois à une mélodie tirée de "Appalachian Spring" de Copland.


"To the Flemish Cap" possède dans ses premières mesures la marque de fabrique de Horner (de Sneakers à Apollo 13), une écriture typique de sa musique à suspense cadencée par un leitmotif de percussions allant crescendo. Là où ce titre se distingue de ses précédents scores c'est dans l'utilisation de la batterie et de la guitare électrique que l'on entend à partir du milieu du morceau et qui insuffle une puissance et une dynamique vraiment impressionnantes. Alliés au son des trompettes lancés à toute vitesse, ainsi que des cordes, cette séquence d'action est vraiment bluffant. Et bien qu'on l'ait déjà entendue dans le premier morceau c'est toujours un réel bonheur à entendre.


Avec "The Decision to Turn Around", les frissons passent de l'énergie et l'enthousiasme à la noirceur complète. Il est intéressant de noter que l'introduction du morceau mais également certains autres passages sont l'illustration "musicale" parfaite des énormes vagues d'une tempête. Il y a un réel désespoir dans ce titre dramatique. Il y a également un certain héroïsme dans le motif principal employé, au milieu des différents thème représentant l'océan, le Main Theme et les explosions dissonantes, et le fameux "écroulement de notes de piano" (cher à Horner) qui est plus présent que jamais. Il s'agit là d'un récit musical particulièrement riche.


Ce second motif illustrant les vagues de l'océan revient dans le titre suivant, "Small Victories", ici se relayant avec des montées d'héroïsme dans un style typiquement hornerien de ses scores de jeunesse. C'est fait de façon élégante, avec tout ce qu'il faut de puissance dramatique. Tout comme le reste de l'album, ce morceau est un vrai tour de force. Incroyablement technique et maitrisé.


L'Action continue dans sa montée en puissance avec le titre suivant "Coast Guard Rescue". Le résultat est comme on peut s'en douter fascinant. Le "danger" est littéralement palpable à ce moment de la partition et est représenté comme d'habitude par les "4 notes de la mort" qui apparaissent pour la première fois à 3'07 du morceau, et 50'18'' de l'album. Son apparition est pour le moins efficace, amenant à un crescendo de désespoir.
Dans sa deuxième moitié, la partition entre dans un territoire encore plus sombre, comme si plus aucun espoir n'était permis. la musique commençant à prendre des tonalités brutales et atonales. La pleine puissance de la mer, de la tempête est alors à son paroxysme.


Alors que le début de "Rogue Wave" suggère le calme après la tempête du précédent titre, l'orchestre illustre à nouveau les roulement des vagues pour culminer avec ce moment incroyable où l'orchestre illustre à la perfection une immense déferlante... Un moment de pure terreur où les trompettes annoncent le danger imminent, reprisent ensuite par les cordes qui ne cessent de grimper dans des notes suraiguës, avant que tout l'orchestre ne s'arrête tout sec.
C'est incroyablement efficace et puissant !! Le thème de l'ocean continue d'aller et venir, jamais totalement calme.


La partition se conclue en faisant un tour complet. "There’s No Goodbye… Only Love" retournant au style pastoral du titre d'ouverture, cette fois-ci dans un air plus mélancolique, et un léger rythme pop ajouté à l'orchestre. Les thèmes principaux sont là, légèrement rallongés dans cette forme, avec ce sentiment d'inéluctabilité et de mélancolie plutôt que de pure tristesse. Ce sentiment va même encore plus loin avec le dernier titre où les thèmes de Horner sont adaptés en chanson ("Yours Forever") avec la voix de John Mellencamp qui colle parfaitement au thème du film.


L'une des grandes forces de James Horner est sa faculté de raconter des histoires à travers sa musique. Ce talent de conteur "musical" est l'une des principales raisons de mon affection pour sa musique. A l'écoute du score de The Perfect Storm, il n'est pas nécessaire d'avoir vu le film pour imaginer ce qui se passe à l'écran. Son habileté à faire cela tout en maintenant une architecture musicale sans faille, sa capacité à toujours trouver le moyen de ne jamais rompre la continuité de ce voyage musical (les 9 titres du présent album couvrent près de 80 minutes de musique!!!) n'a pas d'égal dans le monde de la musique de films.
A l'écoute de la partition de The Perfect Storm, il est clair que c'est le résultat d'une somme colossale de travail de la part de son compositeur. Elle est basée sur des petite thématiques musicales, mais Horner fait tellement de choses différentes avec ces thèmes, et la musique est si évocatrice, si riche d'un point de vue dramatique... Il s'agit d'un album qui, malgré sa longueur se doit d'être écouté de bout en bout afin de réellement apprécier à quel point l'histoire est formidablement racontée musicalement. Chaque titre peut s'écouter seul, mais la partition prend tout son sens si elle est considérée comme un tout.
Il s'agit d'une des plus belles partitions du maestro, une formidable preuve (s'il en est encore besoin) de son immense talent, et une pièce essentielle de sa discographie.

evolution999
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le 27 sept. 2015

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