Malgré l’artwork hautement psychédélique et l’appellation non moins suggestive, The Sacred Mushroom n’est pas un groupe au rock aussi dédaléen, hagard et planant qu’un trip sous champignon magique. Le quintet, issu de Cincinatti, Ohio, commence sa carrière sous le nom de Magic Mushroom, puis, histoire de carrément s’engoufrer dans le sacrilège, transforme son champignon magique en sacré. Bien que l’album résultant de cette sympathique union musicale n’ait pas en soi rencontré un franc succès, nul ne doute que ses acheteurs de l’époque se soient sentis désemparés à l’écoute de cet éponyme : eux qui recherchaient de dissidents trips psychés, les voilà surpris par la conformité. Une première…

En effet, The Sacred Mushroom assène un blues rock sympathique, loin des voyages psychédéliques que l’année 1969 se plaisait pourtant à organiser aux quatre coins de la planète. Avec trois ans de retard, les cinq membres du groupe se contentent –entendons-nous bien, avec joie et passion – à reproduire le même blues rock légèrement lourd que Cream s’était appuyé à fournir aux anglais dès Fresh Cream.

Les similarités avec le power-trio sont telles que Danny Goshorn (chant) et son frère Larry (guitare solo) sonnent comme les jumeaux américains de Jack Bruce et Eric Clapton. Bien entendu, l’absence de psychédélisme et les seules expérimentations blues conformistes et bien senties relèguent cet opus au rang des oubliés de l’histoire du rock. Quelques bonnes idées ressortent cependant de l’écoute de cet éponyme que le mélomane jugera avec bienveillance. Les jams des solistes sont de bonne facture, à l’instar de ce « Lifeline » très proche de ce que pouvait proposer John Mayall à la même époque, lorsqu’il avait pour disciple le talentueux Mick Taylor.

Loin d’être essentiel, The Sacred Mushroom satisfera l’amateur chevronné de rock bluesy teinté de wah-wah et de fuzz, tout comme l’admirateur de l’album Fresh Cream. A l’époque, il y eut bien plus important et incisif, mais il faut avouer que ce n’est pas le talent dans la technicité qui manque à ces cinq lurons dont l’histoire n’entendra jamais parler.
BenoitBayl
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le 3 oct. 2013

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