On dit que c’est à ses amis qu’on reconnaît un grand Homme.


Nul doute en ce cas que Tony Sly soit l’un deux.


Un grand musicien assurément car dans sa musique il y a son âme.
Un grand songwriter surtout, peut-être le plus grand sur la scène Punk depuis Greg Graffin et Brett Gurewitz.


Mais ceci était une évidence depuis longtemps pour qui a sacrifié trente minutes de sa vie à l’écoute du Leche Con Carne de No Use For A Name ou au 12 Songs Program du Tony solitaire. Ou à l’une de ses échappées acoustiques avec Joey Cape. Ou encore…qu’importe après tout, l’œuvre de Tony habite la Bay Area et le cœur de quiconque est monté dans la caravane Punk des 90’s.


Il semble aujourd'hui à l’écoute de ce gargantuesque hommage – une heure et demi de Punk, aberration, folie des grandeurs – il semble bien que Tony Sly était d’abord et avant tout un grand Homme au sens humain du terme.


Trente-trois chansons.
Toutes époques et formations confondues, en vrac.
Ici un bout de Making Friends transfiguré, délicieusement festif, comme pour exorciser le malheur qui s’abattit ce 31 juillet 2012
là l’apparition de Bad Religion, presque effacé, humble, au service du souvenir
là encore un Simple Plan comme on ne l’avait jamais vu, loin de son Punk Rock acidulé, soudain touché par une grâce venue du ciel, livrant la plus belle interprétation possible du mythique Justified Black Eye – c’est aussi à ça qu’on identifie les grands artistes, leur capacité à inspirer leur entourage
l’inévitable Fat Mike, à l’origine du projet, lui qui a su réunir par amour pour son ami, sur un seul et même disque la crème du Punk Rock, en un seul et même élan, diablement unifié, cohérent, ne sonnant jamais comme la banale compilation qu’il aurait pu être, un immense chant de groupe, fraternel – et sa voix tremble, et son chant se fait étrange, et les barrières tombent sans exception


là bien sûr, l’ami de toujours, Joey Cape, au bord de la rupture mais aux interprétations divines, sa voix si proche de celle de Tony, marquée par les années à chanter ensemble, terribles minutes que celles ou le frère réapparait furtivement au détour d’un chœur ou d’un accord, Joey qui probablement ne s’en remettra jamais tout à fait, qui offre à son partenaire de chant le parfait hommage


et puis ici la bouleversante acoustique d’Alkaline Trio, l’introduction aussi inattendue qu’appropriée de Katarina Deniké, l’incartade reggae de Mad Caddies, le Punkgrass de Old Man Markley…


Partout l’amour partagé pour Tony, fil conducteur miraculeux unissant ce brouhaha mal ordonné, esquissant au fusain l’image de celui qui était, bien avant le compositeur, un grand ami, un être humain plus beau que la moyenne, qu’on aurait aimé connaître.
Ça méritait bien un album.

-IgoR-
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le 12 juin 2016

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