Thing‐Fish
4.6
Thing‐Fish

Album de Frank Zappa (1984)

Frank Zappa attachait beaucoup d'importance à l'aspect visuel de sa musique ... à travers ses pochettes, bien sûr, mais aussi à travers des films. Il réussit à en mettre quelques uns sur pied comme 200 Motels ou Baby Snakes. On pouvait également y trouver des films d'animation (The Amazing Mr Bickford), des documentaires sur des concerts (Does Humor Belong in Music ?, A Token of His Extreme, The Dub Room Special) et des projets qui n'ont jamais abouti (Uncle Meat, Video from Hell). Un aspect moins connu de ses idées sont ses projets de performances et de ballet dont il rêvait souvent de faire accompagner sa musique. On retrouve bien des bribes dans certains de ces concerts, mais la plupart du temps pour des raisons financières, d'énergie ou de temps, ils n'ont pu être réalisés. C'est parfois aussi des réticences d'ordre idéologique qui ont empêché certaines d'être présentées au public.


C'est le cas de "Thing-Fish", qui, manifestement dérangeait, aussi bien pour son côté scatologique et obscène, que pour son aspect anti-esthétique et anti-commercial. Il faut savoir que FZ voulait produire cette comédie musicale à Broadway. Ce qui était jeter un pavé dans la mare. Broadway est le temple de l'apparence et de la musique factice, il va donc jouer sur cet aspect artificiel. Ce qui a également mis un frein à sa représentation ce sont des contingences matérielles, il s'est avéré qu'il était impossible financièrement de monter ce spectacle, en effet, le projet devait coûter quatre millions de dollars. Il s'est donc contenté de produire cette bande originale de 90 minutes et ce qui frappe d'emblée, c'est le jeu d'acteur des différents chanteurs, caricatural, mais effectivement fait pour la scène. Les dialogues sont souvent ridicules et la musique minimaliste et mécanique, deshumanisée, est au service de l'intrigue et perds de son attrait quand elle est simplement écoutée sur une chaîne hi-fi. Il est évident qu'il manque la présence humaine d'un spectacle pour jouir pleinement de cette création.


Un autre aspect rébarbatif est la complexité de l'histoire et son côté excessif. A moins d'être un anglophone ou de prendre la peine de bien traduire l'histoire, on perds souvent le fil et le tout peut vite sembler indigeste. Malgré tout, cette oeuvre peut exercer une certaine fascination à la longue, car tout y est judicieusement composé et avec un peu d'imagination on peut reconstituer mentalement la comédie musicale. En tout cas, c'est tout le mal que je vous souhaite.

PiotrAakoun

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