Time & Space
Avec Time & Space, Turnstile ne tourne pas le dos à ses racines. C’est dans la continuité directe de Nonstop Feeling, toujours cette énergie frontale, cette brutalité rythmique qui frappe d’un bloc. Mais il y a un léger virage, une envie d’ouvrir les fenêtres pour laisser passer un peu plus d’air — et de mélodie.
Dès les premiers morceaux, je sens que le groupe a gagné en précision. Le son est plus net, plus produit, presque chirurgical parfois. Mais ça ne veut pas dire aseptisé. La rage est toujours là, le feu aussi. C’est juste qu’entre deux explosions, Turnstile commence à explorer d’autres textures, des instants suspendus, des grooves plus amples. Ce n’est pas un adoucissement, c’est un affinement.
Des titres comme "Generator" ou "I Don’t Wanna Be Blind" montrent ce tiraillement entre deux pôles : le hardcore dans sa forme la plus pure, et quelque chose de plus aérien, presque psyché. Et même si ces tentatives restent encore timides, elles annoncent clairement ce qui viendra avec GLOW ON.
Au fond, Time & Space ne change pas la formule, mais il commence à la fissurer de l’intérieur, à injecter de la lumière dans les failles. C’est un disque de transition, mais puissant. Un pas en avant, sans renier d’où ils viennent.