Tired of Tomorrow
7
Tired of Tomorrow

Album de Nothing (2016)

J'avais beaucoup aimé Guilty of everything, et j'attendais le prochain album de Nothing comme la confirmation que ce groupe apporterait du sang neuf au shoegaze, parfois trop figé dans les références aux groupes fondateurs. Malheureusement, Tired of tomorrow constitue une déception.


J'aime la manière dont le groupe impose sa marque sur le canevas un peu figé du "shoegazing" , grâce notamment à une rythmique ciselée, héritée du hardcore, faite de breaks puissants et de mesures ternaires.

On retrouve cette patte dans le deuxième opus. Mais ici, la formule semble quelque peu réchauffée.


Rien que le nom du disque renvoie de manière peu inspirée au premier LP (Guilty of Everything/Tired of Tomorrow). Même sentiment dans certaines structures, comme sur le morceau le plus accrocheur, Vertigo flowers, avec son break planant à mi parcours en guise d'outro, qui rappelle celui, mythique pour moi, de Bent Nail sur le premier disque.
Cette forme de redondance se retrouve aussi d'un morceau à l'autre. Everyone's gonna be happy ressemble beaucoup, à mes oreilles, à une version calme et acoustique de Vertigo flowers. Our Plague rappelle Beat around the bush, sur Guilty... tandis que Fever Queen renvoie carrément au morceau d'ouverture de Downward years to come, The Dive. Redite ou cohésion, un peu des deux sans doute.


A cela, s'ajoute un songwriting pas toujours convaincant, entrainé par une forme de lyrisme légèrement exaspérant. The Dead are dumb commence comme un morceau de Badalamenti pour Twin Peaks, jusqu'à ce que le refrain, avec sa suite d'accords mièvre, casse l'ambiance. Eaten by worms me rappelle fortement Nirvana, avec une lourdeur grunge bienvenue, mais l'outro aux paroles répétées devient vite poussif.


Ce disque déçoit aussi mes attentes, en étant un peu trop orienté vers le rock 90' FM, avec un nombre surprenant de ballades, plus ou moins réussies. Je passe systématiquement Ninety nine heaven, que je trouve trop simple et naïve.


Par contre, la qualité de la production est brillante, et je me surprends à réécouter régulièrement certains morceaux grâce à cela. Everyone's gonna be happy, avec ses arrangements qui rappellent Thirty three des Smashing Pumpkins, est finalement, de loin, mon titre préféré. L'efficacité de Vertigo Flowers, l'harmonie très shoegaze de Fever queen, l'outro de Curse of the sun, le break lourd de Our plague...ce disque contient de très bons moments, aidé en cela par la production léchée, qui donne un sentiment de pureté, de transparence, difficilement explicable.


Finalement, Tired of tomorrow n'est pas un album aussi nonchalant qu'il l'annonce. Il est même assez ambitieux, en lorgnant du côté du rock alternatif des années 90's, empruntant par là des recettes parfois trop faciles. Accrocheur, doté d'une production sensationnelle mais parfois un brin mielleux, Nothing reviendra à un son plus brut pour leur 3e album, malheureusement encore moins inspiré selon moi.

Agilesyordax
6
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Créée

le 19 août 2019

Critique lue 64 fois

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Agilesyordax

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