Pourquoi arrêter de rêver?

To See the Next Part of the Dream est clairement une surprise en cette année 2021.

Une surprise car personne ne l'attendait. L'album se fait connaître grâce à internet et bandcamp et peu de choses filtrent sur l'identité du musicien derrière ce projet. Il se définit comme un "étudiant qui fait de la musique seul dans sa chambre" sans vouloir donner plus d'information sur lui même, considérant qu'il ne chante pas bien et n'a donc aucun intérêt à être connu et reconnu.
Ce dernier élément prend tout son sens quand on sait que l'artiste vient de Corée du Sud, un pays où la pression de la réussite entraîne souvent un auto-dénigrement très ancré dans la mentalité des jeunes.

Musicalement, le pays du matin calme est plutôt connu pour sa musique pop ou hip hop que pour sa scène shoegaze / emo (contrairement au voisin nippon). Ici, c'est donc un genre que l'on n'a moins l'habitude d'entendre dans cette langue, même si l'influence coréenne ne se fait pas spécialement ressentir sur la teinture musicale de l'album.
On reconnait plutôt des influences très américaines, assumées d'ailleurs par l'artiste sur son bandcamp : Brave Little Abbacus, Car Seat Headrest et Weatherday donnant un mélange détonnant et réussi.

Au niveau des paroles, l'album reprend les codes du midwest emo des années 90 avec des paroles très premier degré et très désespérées : "I wish no one had seen my miserable self/I wish no one had seen my numerous failures/I wish my young and stupid days to disappear forever,”
Mais les paroles ne sont pas portés par un chant passionné et cathartique typique de l'emo; non, ici, les quelques sursauts du chanteur sont étouffés dans une atmosphère shoegazienne qui transporte pleinement dans la thématique du rêve, tout au long de l'album.
Le rêve magnifiquement exprimé par un mélange de guitare acoustique et de fuzz qui ne laisse aucun répi, tout au long de l'album, sauf sur quelques sursauts de solo de batterie et de guitares black metalesque.

Bien sur, rien de nouveau sous le soleil musicalement; mais on le sait, faire un album shoegaze qui ne tourne pas un rond l'ennui et n'est pas surproduit instrumentalement est difficile et rare. Ici ce n'est absolument pas le cas et tout est réussi du début à la fin dans un album qui lie parfaitement deux genres qui vont si bien ensemble : l'emo et le shoegaze.