Premier album sans Bill Berry, Up voit R.E.M. ne pas se laisser abattre de ce départ après tout de même 17 ans passés ensemble, choisir de continuer à trois (Peter Buck, Mike Mills et Michael Stipe), et changer quelque peu sa recette et son orientation musicale, faisant entrer en scène l'électronique et surtout des boîtes à rythmes (ou alors un batteur de session), pour une finalité plus intimiste, atmosphérique et aérienne, sans renier son passé, loin s'en faut.
C'est justement ce dernier critère qui me pose un peu problème. Garder ses repères et montrer que R.E.M. restera toujours R.E.M. peu importe ce qui lui arrive pour ne pas désorienter et rassurer le public, c'était important à l'époque, mais je trouve tellement de potentiel à ce nouveau son, que je regrette qu'il ne soit pas plus présent au détriment du rock alternatif habituel de la bande d'Athens (en Géorgie, aux États-Unis, pas Athènes, hein), encore largement présent. Les titres les moins passionnants et plus dispensables de l'opus sont ainsi ceux qui semblent le plus ancrés dans le passé, même si Lotus a au moins le mérite de surprendre après une Airportman qui semblait donner le ton et la couleur généraux de l'album.
Up reste ainsi assez varié (en plus du côté électronique, on notera des influences lounge), et ses 65 minutes ne sont pas les plus monotones du monde, mais il semble toutefois trop long, rallongé par une The Apologist au refrain indigeste (les petites voix trafiquées en fond là, c'est au premier plan qu'elles auraient dû être), une You're in the Air vraiment pas intéressante, et une Daysleeper où Stipe, qui est celui qui change le moins de registre, prend la tête, de même que Why Not Smile aurait pu prendre un peu plus son temps pour poser les choses, et laisser chaque instrument venir à son rythme.
Bon, j'aurais souhaité un Up encore moins rock et plus électronique, mais quand je vois qu'il a été classé dans un top 50 des pires albums, le groupe avait peut-être suffisamment pris de risques pour quelques esprits étroits finalement. Z'imaginez, ils ont osé essayer autre chose que du rock au bout de seulement 11 albums, quel culot !