Quelle aurait été sa musique au cours des ans, à quoi auraient ressemblé les successeurs officiels des quatre albums complétés de son vivant ? Mystère. Seule certitude : aucun artiste n'aura généré autant de disques posthumes - de qualité très variable - que le génie gaucher de la six cordes. De quoi aborder avec précaution cette nouvelle collection d'inédits. Et se retrouver, une fois de plus, sinon totalement ébranlé, impressionné par la qualité et l'intensité de ces jams et work in progress ou ces revisitations de ses propres classiques.
Si les versions « intéressantes » de Stone Free ou Fire, reprises ici en 1969 (le premier avec Billy Cox), ne supplantent en rien leurs incarnations originales, on se laisse sans difficulté emporter par la fluidité et l'émotion du jeu d'Hendrix sur la longue variation autour du thème de Sunshine of your love (Cream) ou sur la prise inédite, d'une rare puissance, du Bleeding Heart d'Elmore James. Quant à la chanson exhumée Valleys of Neptune, si elle n'a rien d'un Crosstown Traffic ou d'un All along the watchtower, elle n'aurait pas déparée sur Electric Ladyland. Autrement dit, pour peu que vous possédiez déjà les indispensables du guitariste, cet album, qui n'a rien d'une arnaque, est chaudement recommandé.