Un album culte mais confidentiel

1) Le groupe préféré de ton groupe préféré

Fin des 90's début 2000's, plusieurs groupes marqueront durablement le paysage sonore et les fans avides de crossover metal/HxC, Dillinger Escape Plan, Converge ou encore Coalesce pour ne citer que les plus connus. A la même époque Botch fera aussi partie de cette fine équipe et laissera son empreinte avec seulement deux albums studio et deux EPs. Une carrière assez courte car le groupe se séparera en 2002. Au grand dam des fans et des formations de l'époque :

They were the band that we all looked up to. Every time I saw that band they blew me away. I remember they travelled to Boston in the middle of winter (...) they put on one of the best live performances I’ve ever seen. That whole Boston scene just saw them as the standard to aspire to.

Source : https://www.loudersound.com/features/botch-should-have-been-bigger-than-the-dillinger-escape-plan

Le gars qui a sorti ça, n'est ni plus ni moins que Ben Koller, le batteur de Converge. Un autre groupe culte qui rentrera dans la légende en 2001 avec son magnum opus Jane Doe. Bref avec ce genre de louange difficile de faire mieux en terme de street créd.

2) Le Metallic Hardcore pour les nuls

Si la citation précédente mettait surtout en avant la qualité et l'énergie du quatuor sur scène, c'est avant tout leur sens de la composition qui nous intéresse ici. We Are the Romans est un album qui est arrivé trop tôt, trop fort et qui aura foutu une baffe à tout le monde. On se retrouve donc avec : une section rythmique en béton-armé composé de Brian Cook (basse) et Tim Lattona (batterie) qui enchaîne les breaks et les changements de signature sans sourcillé, un gueulard efficace Dave Verellen avec des paroles parfois acerbes parfois énigmatiques et enfin un guitariste à la créativité folle, Dave Knudson. Un gratteux avec un style bien à lui, assez éloigné des riffs slayeriens d'un Kurt Ballou ou des compos épileptiques d'un Ben Weinman. Nope Mr. Knudson brille surtout par son originalité et une technique toujours mis a service du morceau. L'exemple le plus flagrant étant le titre C.Thomas Howell as the "Soul Man" qui débute par un riff marteau-piqueur entrecoupé d'accords dissonants pour finalement nous amener à des hauteurs émotionnels jusqu'ici insoupçonnés, avec un riff en tapping à deux mains. C'est beau et mélodique sans être pompeux ou geignard, bref c'est génial.

3) Soon the content outweighs the form

Car ce qui différencie Botch de tous ses compères de l'époque, c'est ce sens de la composition comme dit précédemment. Les riffs et les moshparts s'enchaînent de manière fluide et les transitions même les plus abruptes sont toujours faites de manière subtile et réfléchie. Chaque membre du groupe brille sur cette album et surtout chacun sait occuper son espace, sans empiéter sur celui des autres. A aucun moment on a le sentiment que le groupe balance un plan en 7/8 pour challenger son auditeur ou pour montrer qu'ils sont avant-gardistes, non le groupe sait alterner les passages noisy et les moments ultra-dépouillés (cf. Transition From Persona to Object et son outro batterie qui arrive après une instrumentale qui mime une descente en enfer) sans jamais tomber dans la compilation fourre-tout de riffs bêtes et méchants.

4) Pour conclure

We Are The Romans est un must have encore trop peu connu par les amateurs du genre. Chose assez étonnante tant cet album contient les codes et ambiances qui inspireront (de manière directe ou indirecte) toute la vague Metalcore des années 2000. Au-delà de ça, l'influence du groupe se ressent aussi chez des groupes plus récents comme Rolo Tomassi ou Knocked Loose. Plus de 20 ans après la dissolution du groupe, Botch revient d'entre les morts avec un single One Twenty Two et une tournée mondiale qui se prolongera jusqu'en 2024. Un retour inespéré pour les fans et qui sait ? Peut-être un digne successeur à cet album culte.