What do you waaaant ?????

   Quel est votre album préféré de Miles Davis ?  Étrange question vu la discographie du bonhomme, n’est-ce pas ? Il est à peu près sûr que si on fait un sondage, peu de gens vont mettre c’est album dans le top 5. Il a fait tellement plus fort par ailleurs. Cet album-live tardif, on ne peut pas le mettre dans le top 5. Cependant j’ai un faible pour ce live. Pour l’époque, pour cette fusion pop-jazz-funky, je ne sais même pas comment on doit l’appeler. J’aime bien cet OVNI. Cette pochette jaune citron, la pause caractéristique à la Davis. Comme un citron pressé qui va donner tout son jus…sonore ?

  Jean-Pierre. Un prénom qui m’est familier. Je n’aurais jamais pensé qu’on pourrait en faire un morceau, et quel morceau ! Encore une fois, il a le génie de la mélodie, Miles. Trouver un thème, simple et universel, qu’on l’a dans la tête pour toujours, plusieurs jours après l’avoir écouté. Quelques notes qui tournent en boucle. Un thème bizarre quand même. Comme inachevé, qui donne l’impression

de tourner lui-même et de recommencer, sans jamais fermer la boucle. Comme un grand Huit, de tourner, ralentir,

et re-tourner. On reste tout le temps sur la tangente, dans l’attente de…Génial. Et les 10 minutes passées, me font l’effet de même pas 5. Ça passe très vite. Pourtant le tempo est relativement lent, et le riff un peu austère, mais faut dire qu’il y a du beau linge à l’accompagenment ! D’où l’avantage de s’entourer des meilleurs, on n’a pas de mauvaises surprises. L’interprétation est nickel. Parfaite.

    Back Seat Betty. Plus funky. Morceau qui permet aux instrumentistes d’exprimer l’étendue de leur talent. Je retiens que Marcus Miller est très sobre, et se cantonne à la rythmique. Les autres en profitent pour s’exprimer. Mike Stern lance des riffs électriques à qui m’aime me suive ; c’est stéréophonique…le couple batterie-percussion se complète à merveille. Jusqu’à ce que Miles sonne la fin de la récréation, avec une note suraigüe…et le retour du thème. Et le morceau retrouve son équilibre. Plus les morceaux s’étirent sur la longueur, plus ça devient intéressant. Le soprano, Bill Evans, est plus discret, mais il y a déjà pas mal de « bruit ». Equilibre, toujours !

   Et ce solo de Mino Cinélu m’a mis sur le cul ! Á un moment, tout le monde s’arrête. Et lui s’envole. Le seul dépositaire du rythme, s’en va loin dans son univers à lui, qui ne ressemble qu’à lui. Il balance des rythmes ancestraux et futuristes à la fois, on est ailleurs. Et sans prévenir, il atterrit sur la terre du groove, et le morceau reprend comme s’il ne s’était jamais arrêté. Funky  à mort ! Applaudissements général.  (Obligé, faudrait être sourd, sinon !). Par contre je suis incapable de dire le morceau dont il s’agit. B. S. Betty ou Fast Track. Et je dois avouer que je m’en fous. Écoutez et vous m’en direz des nouvelles…J’aime cet album dont les morceaux restent exigeants, sans cesser d’être assimilables, même par un non-initié. Au départ, je me disais que 6 morceaux, c’est un peu court, mais des morceaux de 10 minutes en moyenne, ça calme. On plane en oubliant pourquoi on était entré.

  Et Jean-Pierre, (bis). Alternate take ou rappel. Format radio, plus court, plus Groove. Et My Man Gone Now, qui sonne tellement Davis que Gershwin aurait du mal à reconnaître son morceau. Une recréation de touts pièces. Bousculé, traîné par terre, et avec une forte odeur du ghetto. Le funk version Miles des années 80. Avec cette figure de style récurrente. Passer du groove (funk), au swing (jazz) en plein morceau. Puis revenir au groove qui tue. Moderne vs classique VS moderne ? Miles en deux mots, trois actes. Gestuelle idéale pour secouer et s’approprier son public comme un seul homme, comblé par le gimmick.

    KIX. C’est pas un reggae ça ? Drôle de titre. KIX.  Le reggae selon Miles. Le reggae, un des fils bâtards du rythm and blues, et du jazz des origines. Morceau de bravoure, et de nonchalance, le sénateur Davis,  est entouré de K d’or, qui le suivent et savent que faire. Recorded « Live »: Boston, MA  at KIX.  6/27/81. NY.