Wildlife
7.8
Wildlife

Album de La Dispute (2011)

Can I still get into heaven if I kill myself?

Wildlife représente beaucoup de choses pour moi. De tous les disques qui m’ont marqué à l’adolescence, il fait partie de ceux qui ont réussi à traverser les années, à me plaire toujours plus, voire à revêtir une signification différente au fil des expériences de vie. Au-delà de ces aspects purement personnels, force est de constater que, en un peu moins de dix ans, c’est tout un pan des musiques extrêmes qui a été influencé par l’opus. Il devient difficile d’affirmer le contraire.


Là où le premier album de La Dispute, œuvre déjà imposante, laissait entrevoir un groupe à la personnalité débordante, Wildlife entérine à mon sens sa capacité à proposer des compositions redoublant d’intelligence. La production est assez irréprochable, et tout à fait au service du superbe travail effectué sur les lignes de guitare, et encore plus des paroles déclamées de Jordan Dreyer, complètement intelligibles et donc d’autant plus déchirantes. Par un mélange très identifiable entre spoken-word et chant hurlé, on a l’impression que Dreyer s’adresse directement à l’auditeur, dans un élan profondément humain. Les images sont constamment ultraprécises, à tel point qu’il devient impossible lors des montées en puissance de ne pas fermer les yeux et s’imaginer les situations décrites. L’album porte en lui des images qui hanteront l’auditeur par la suite, comme une vieille photographie ramenant à des souvenirs aux charmes terrifiants, tant il réussit à mettre en musique des textes (d’une qualité rare !) relevant autant de l’écriture automatique que de la véritable poésie.


Quelques années avant le Stage Four de Touché Amoré, Wildlife est également un exemple d’œuvre Post-Hardcore complète, disons « totale ». L’album se consomme d’une traite, les paroles sous les yeux, et difficilement en faisant autre chose que réfléchir à son existence en même temps. Je ne conçois pas que l’on puisse ressortir indemne d’un « King Park », sûrement l’un des morceaux les plus intenses de la décennie passée. Mais à ses côtés, des « Safe In The Forest/Love Song for Poor Michigan » ou « Edward Benz, 27 times » ne font pas pâle figure. L’album est une progression constante, un voyage d’une heure qui paraît quelques minutes, déchirant rêves et souvenirs. Si la section rythmique est si dynamique, donnant une impression d’urgence, c’est pour mieux que chacune des mélodies, et que chaque cri, deviennent balles réelles tirées en plein cœur. En plus de ses qualités techniques évidentes, de l’inventivité constante dont il fait part, Wildlife est un déferlement d’émotions débridées qui prend aux tripes. Et ne lâche plus.


Chronique rédigée pour le webzine Horns Up

chevaldeglace
9
Écrit par

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le 14 déc. 2020

Critique lue 52 fois

chevaldeglace

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