Windswept par Skipper Mike

Album en grande partie instrumental, Windswept est l'occasion pour Johnny Jewel de rendre hommage à Angelo Badalamenti, qu'il accompagne sur la bande originale de Twin Peaks : The Return via quelques morceaux ici présents. Plutôt que de se limiter à des motifs électroniques, l'artiste emprunte des chemins jazzy, jusqu'à évoquer de façon très familière le compositeur habituel de David Lynch. Ainsi, la légèreté des percussions sur des morceaux comme « The Crimson Kiss », « Motel » et « Slow Dreams » rappelle fortement celle qu'on trouvait déjà sur l'album de la première saison (« Audrey's Dance », « Freshly Squeezed »...) tandis que « Heaven » est plus proche du lyrisme de la B.O. de Fire Walk With Me et que « Between Worlds », « Stardust » et « Insomnia » seraient parfaits pour accompagner les scènes où le mystère envahit l'écran. Quant à « Missing Pages », son titre-même est une référence explicite à la série. L'album contient en outre deux chansons, parmi les pistes les plus marquantes : « Saturday », de Desire, mélopée entêtante qui n'a rien à envier à « Under Your Spell », le tube popularisé par le film Drive, et « Blue Moon », berceuse lyrique de Chromatics, reprise d'une chanson des années 30, dont une première version avait été enregistrée pour Lost River et qui consacre la chanteuse Ruth Radelet en tant qu'héritière de Julee Cruise.

Même s'il n'est pas certain que Johnny Jewel ait composé tous ces titres dans l'intention d'en voir quelques uns utilisés pour Twin Peaks, Windswept a tout de la bande originale d'un film, à tel point qu'on n'a aucun mal à imaginer quels morceaux pourraient accompagner des scènes de tension (« Strobe Lights », « Insomnia »), les passages plus contemplatifs (l'ouverture « Television Snow », « Slow Dreams ») ou les moments de mélancolie nocturne (« Windswept », « The Flame »). Il s'agit en tout cas d'un très bon disque atmosphérique, manquant peut-être seulement d'un grain de folie.